Le gréement de jonque


Plantons le décor pour parler du gréement de notre bateau, il y a 2 mâts non haubanés, inclinés vers l’avant, traversant le pont et se plantant sur la quille. Les autres accessoires du gréement sont quelques poulies ou taquets et des dizaines de mètres de bout.

n8 le greement de jonqueLes mâts sont en lamellés collés pleins, ils se posent sur la quille dans un sabot et sont coincés au niveau du passage à travers le pont par des coins en bois, l'étanchéité est faite par un tube de caoutchouc et tenu par des colliers inox, le tout recouvert d'une espèce de chaussette en tissu maintenue par du Velcro qui n'a qu'une fonction esthétique. Pour plus de sécurité mais surtout éviter le grincement du mât dans son sabot à certaines allures, nous avons ajouté des équerres en inox pour brider tout mouvement. Alors pourquoi ses mâts sont-ils inclinés ? , D. BOMBIGHER aurait répondu : " Quand je rentre de bordées, le seul qui a les mâts droits, c'est le mien " . Le grand mât (celui à l'arrière) est légèrement incliné vers l'avant (2 à 3°) et celui de misaine possède une inclinaison importante (10 à 12°).

Les voiles sont comme les ailes de papillon, elles sont taillées sans creux au grand étonnement de notre maître voilier. Elles sont cousues à plat, sans pince, les laizes droites, c’est en effet les bambous attachés sur la toile qui se cintreront en fonction de la force du vent. Les voiles possèdent à chaque laize deux rangées d’œillets qui vont permettrent d’attacher les bambous. Pour fixer le bambou sur la toile, il faut attacher à un point fixe le premier œillet et mettre un petit palan en tension sur l’œillet de l’autre extrémité de façon à avoir la toile bien tendue, après on peut ligaturer le bambou à toutes les paires d’œillets. Pour notre jonque, le bambou le plus long fait 6,5 mètres mais il est possible de mettre 2 bambous tête bêche pour éviter d’avoir une section trop faible en extrémité. Bien sûr, les bambous seront positionnés entre la toile et le mât, nous avons choisi de mettre la misaine à gauche du mât et la grand voile à droite, mais on peut avoir l’inverse, les deux à droite ou les deux à gauche, cela n’a aucune importance à part esthétique.

Bon, les mâts sont en place et les voiles avec leurs bambous sont posées sur le pont, il va falloir les hisser. Pour cela, nous avons un palan (2 brins pour la misaine et 4 brins pour la grand voile), le tout monte sans forcer rien ne frotte rien ne coince et pour descendre, vu les poids des bambous, il faut même retenir la drisse pour freiner la chute. Pour hisser, on peut hisser en tête de mât par vent faible ou environ 1 à 1,5 mètres plus bas par vent fort, c’est le réglage vertical. A chaque bambou, se trouve un bout qui fait le tour du mât et vient se rattacher sur ce bambou de façon à plaquer, plus ou moins suivant la tension du bout, la voile le long du mât. L’architecte, Dimitri LEFORESTIER, affirme que nous pouvons garder tout dessus (30m² de misaine et 50m² de grand voile) jusqu’à force 7. Une fois hissée, la drisse est tournée à un taquet au pied de mât. La voile venant naturellement de part son poids et de part l’inclinaison des mâts vers l’avant, il y a un bout, l’amure, qui part de l’avant du deuxième bambou, fait le tour du mât, revient sur l’avant du bambou le plus bas (premier bambou), tourne sur une poulie de pied de mât et va sur un taquet au cockpit. En tirant sur l’amure, on voit très bien que la voile recule, en lâchant l’amure la voile avance, c’est le réglage longitudinal. L’écoute de la voile joint par une sorte d’immense palan tous les bambous sauf les plus hauts et revient au cockpit, ce qui permet une orientation de la voile sans forcer vue la démultiplication. Et la voile ne déverse pas dans les hauts comme sur un gréement aurique.


Sur notre bateau, le seul « ris » que l’on prend, on le prend à table et du riz cantonnais bien sûr. Pour réduire la voilure, on prend un « bambou » et c’est très simple. On lâche la drisse, la voile tombe dans le « lazy-jack » (chez nous c’est un « lazy-bag » à cause des UV au mouillage), on tourne la drisse au taquet, on borde l’écoute et c’est reparti. En arrivant au mouillage ou au port, les voiles descendent gentiment dans leur « lazy-bag », on décroche la drisse et on ferme la fermeture éclair ce qui va protéger la voile contre les UV.


Et les performances…voir l’article n°2 sur la jonque qui était un bateau de commerce. Nous avons testé au près entre 45 et 50° du vent mais nous suivons les alizés et puis le moteur fait toujours gagné 10 à 15°. Aux allures de près, la voile ne doit pas être bordé comme sur un bateau avec un gréement marconi mais plutôt comme au près bon plein ou même petit largue d’un marconi. Si les voiles sont trop bordés au près, nous avons tendance à être comme à la cape. Dès le bon plein, c‘est le pied. Aux allures de travers, les voiles s’établissent l’une sous le vent de son mât, l’autre au vent mais sans faire de poche comme sur une voile au tiers grâce aux bambous. A toutes ces allures de prés ou travers, la jonque prend une légère gîte d’environ 5 à 7° et puis c’est tout, on peut laisser son verre dans le cockpit, aller à la table à cartes et remonter sans que le contenu soit répandu sur les bancs. Au vent arrière (plein vent arrière 180°), voiles en ciseaux, sous pilote, on peut se permettre des écarts de route de plus ou moins 10° sans risquer l’empannage. Malgré le poids du bateau, il commence à marcher honnêtement à partir de force 3, à force 5/6 au près bon plein tout dessus, le bateau n’a pas de gîte et marche très bien pour un bateau de grand voyage. Nous ne ferons jamais l’America Cup ni le trophée Jules VERNE avec notre jonque, nous voulons simplement nous balader et si nous arrivons deux jours après les autres, ils nous attendront ! Vous savez quelle est la définition du meilleur bateau ? « C’est le sien ».


Nous vous donnerons des infos sur les réglages durant la balade. A tous les « jonquistes », donnez-nous vos impressions.