Vivre son premier avis de grand frais...

Nous sommes jeudi dernier. J'ai décidé d'amener le bateau, en solo, de Mortagne à Royan pour un weekend familial. Un dufour 31 de 1979. La météo annonce un avis de vent frais force 4 à 6 avec rafales à 7 localement. Vent d'ouest tournant nord ouest. C'est à dire quasiment vent debout sur tout le trajet. La température extérieure est douce pour la saison. 7/8 °. L'écluse ouvre vers 15H45. Ce sera donc un atterrissage de nuit.
Vu du port, la météo semble se planter. Il devrait déjà y avoir un F4/5, mais je me décide quand même à me préparer "au pire". Le foc N'1 est à poste et je prépare 2 ris dans la grand-voile. Je suis décidément très perplexe, je ne suis pas sur qu'il y ait plus de 5 noeuds établis. Enfin, on verra bien. Et puis il faut 2 mn pour relâcher les 2 ris si nécessaire.
Je m'habille chaudement, salopette, ciré, bottes, gants...en pensant qu'un badaud se promenant sur le port et me voyant sortir avec cet équipement dans la pétole, sous une belle éclaircie, se dirait que vraiment "il y a des marins d'eau douce qui se la pète".
Je hisse la grand-voile dans le chenal et passé la dernière bouée le foc est déroulé. J'ai de la chance, le vent est encore établi sud-ouest ce qui me permet de tirer "presque tout droit" vers Royan.
Je me déhale difficilement à plus de 2 nœuds contre le courant. Je suis à 1h00 avant la pleine mer. J'appelle un copain sur royan :
"salut Didier, y fait quel temps chez toi ?
Grand beau, pas un pet de vent.
Ok, a+"
C'est décidément une petite nav' tranquille. Je branche le pilote et je me prépare un café.
Je vois un voilier sur mon bâbord, assez loin, toutes voiles dehors en train d'enchainer des manœuvres. Surement un régatier à l'entrainement.
Dans le même temps, sous une belle éclaircie, je vois sur le médoc et vers l'embouchure de la Gironde, un "mur noir". " Tiens ! je vais arriver sous la flotte !".
A proximité de Meschers, alors que mon esprit vagabonde en me disant que j'ai vraiment du bol d'être là, le bateau part dans une aulofée terrible. Je suis passé sans transition de la pétole au temps annoncé sur windguru et météoconsult. Je n'avais pas fait attention au ciel qui s'était assombri, protégé par ma capote. Je me précipite sur mes écoutes. Je choque le foc. Je me redresse quasiment bout au vent. Les voiles fasseyent durement. Le vent est passé nord ouest. Dans les secondes qui suivent et alors que je constate que mon pilote à décrocher, je vois le voilier à l'entrainement dans une position inconfortable. Le bateau a fait une embardée à 90 ° en remontant au vent et s'est complétement couché sur l'eau. L'équipage, composé d'au moins 2 équipiers s'accroche comme il le peut dans le cockpit. Je crois qu'il ne peuvent rien faire. le mât met au moins 2 ou 3 mn à se redresser.
J'ai pour l'instant mes propres soucis. Je reprends ma route en réglant mes voiles et je constate que je suis vraiment prêt des falaises. Si je perdais le contrôle quelques minutes, je serais drossé sur les rochers. Je décide donc de virer de bord. J'ai rebranché le pilote et engage la procédure. Je passe de bâbord amure à tribord amure. Le bateau a viré de 100° et je me retrouve vent de travers. Mes voiles sont trop bordées. Est-ce l'adrenaline mais je n'ai pas eu besoin de la manivelle de winch pour reprendre mon foc. Les quelques secondes bout au vent m'ont suffit. Je me couche de nouveau en abattant cette fois-ci et le pilote décroche de nouveau. Je le déconnecte, choque un peu et essaie de remonter au près. Je suis trop toilé. J'enroule ma voile d'avant de la moitié de sa surface et la barre redevient douce. Je tire un bord jusqu'à l'autre rive, près du médoc et vire de nouveau, sans pilote. Tout se passe bien, je suis concentré. La capote me protège des embruns et des vagues qui balaient le pont quand la houle croisée me submerge. Les 2 bancs de sable qui sont marqués par les bouées sont bien là. La mer s'est levée. Ou est ce le vent qui continue de forcir ?
Ma VHF diffuse un bulletin spécial : avis de grand frais en cours. Force 7 établi avec localement des rafales à 8/9.
Merde, je suis dedans.
J'ai la situation sous contrôle pendant encore 1/2 heure. Le vent continue de monter. J'oscille entre le près et le bout au vent pour relâcher la pression. Il faut que je diminue encore. Mon foc a la taille d'un tourmentin, en moins efficace, mais enfin ça va mieux. Faut'il que j'aille prendre un 3° ris ? Je gère la houle au mieux, qui dépasse largement la hauteur de mon roof.
Je ne peux m’empêcher de lister mentalement mes options : je pars au portant et retour sur Mortagne, je me réfugie sur Meschers, comme l'a fait le boat qui s'est mis au tas tout à l'heure, je continue, j'affale tout et je continue au moteur ? Ce ne sont que des options de principe, je me sens en sécurité sur mon bateau. Toutefois je me dis qu'il faut vraiment que je m'achète un gilet automatique, que je m’arnache systématiquement et que je m'équipe d'un radeau de survie.
La nuit tombe. Je gagne difficilement mais surement les miles qui me rapprochent du port.
Je me sens "bêtement" fier de ce qui se passe, d'affronter ces conditions sans gros problèmes.
Avec l'obscurité qui s'installe, c'est une ambiance étrange, surréaliste qui commence à m'angoisser. Je ne vois pas les paquets d'eau arriver, je peux à peine les deviner quand le bateau enfourne en retombant entre 2 vagues croisées. J'ai maintenant hâte d'arriver. Et je me pose une question assez anxiogène : comment vais je aller affaler la grand-voile. Mon pilote n'arrive pas à gérer la houle et décroche tellement souvent que je l'ai définitivement déconnecté. Ca fait 2 heures que je barre et j'ai enchainé 4 ou 5 virement de bords. On verra bien...
Je démarre mon moteur et bloque ma barre avec le flot d'une écoute. J'ai décidé d'affaler la grand voile avant le foc pour garder un peu de stabilité au bateau en serrant au plus près du vent. J'attaque les vagues au 3/4 de face.
Je choque mon écoute de grand voile et me précipite au pied de mat, attrape la drisse, ramène furieusement la voile sur la bôme et reprends ma balancine. Tant pis pour le ferlage !
Je reviens dans le cockpit et reprends la bôme avec son écoute. Ouf, c'est fait !
Le moteur fait de drôles de bruits quand l'hélice déjauge ou que le bateau prend trop de gîte mais tout va bien. Tout va même très bien.
Après atterrissage, je constate l'état de la cabine !!! Un grand chantier !!! Mais on verra demain, il fera jour.

Une bière m'attendait sur le bateau d'un copain.

L'équipage
15 jan. 2013
15 jan. 2013

Bravo pour ce récit et bien venu dans le monde méditerranéen pour la vitesse à laquelle le temps peut changer et le vent monter très fort ....
Gilles

15 jan. 201315 jan. 2013

L'était pas à Mortaigne sur gironde ???

16 jan. 201316 jan. 2013

Oui, je pense que Pendruig avait bien compris, mais qu'il faisait seulement une analogie avec le temps qui change souvent rapidement en med ...

Bien raconté en tous cas, merci Garry.

15 jan. 2013

Excellent, on s'y croirait. Merci pour cette bouffée d'embruns :alavotre:

15 jan. 2013

Lors de mon premier avis de grand frais j'ai appris plusieurs choses :
Le gilet, la survie et la longe rassure à max.
Quand tu es rassuré, le danger parait extremement moins gros et permet de mieu relativieser.
Par contre j'ai jms vécue ça seul. a tester.
En tout cas c'est vachement instructif
Merci du récit

15 jan. 2013

Elève Dubodruig, votre carnet de correspondance, et ne prévoyez rien pour ce mercredi après-midi... :-p

Bien joué l'artiste, bien anticipé avec l'info météo, et ce fichu beaufort "en plus de la prévision"... :pouce:

15 jan. 2013

tu te rends compte, si t'avais été en mer !! :tesur:

16 jan. 2013

Je ne comprends pas cette remarque. C'aurait été plus dur en pleine mer ?

16 jan. 2013

joli texte ! :bravo:

je comprends que t'aies envie de nous organiser une régate maintenant :mdr: :mdr:

16 jan. 2013

Merci pour ce récit très sympa! :pouce:

16 jan. 201316 jan. 2013

Joli texte et expérience intéressante !

16 jan. 2013

:pouce:

16 jan. 2013

Félicitation ! Pour avoir bien géré la situation et venir nous raconter...

"J'ai décidé d'affaler la grand voile avant le foc pour garder un peu de stabilité au bateau en serrant au plus près du vent. J'attaque les vagues au 3/4 de face," dis-tu.

Ta décision m'étonne un peu : il me semble que la GV, à 2 ris, aurait mieux stabilisé le bateau, au près ?
:reflechi:

16 jan. 2013

Oui mais l'idée c'était d'affaler la GV. J'ai donc cherché la facilité et donc un bateau à peu près stable pour aller sur le pont. En faisant l'inverse je me retrouvai avec un bateau balloté par les vagues, sans appui du vent.

16 jan. 2013

:pouce:

16 jan. 2013

Plus que l'équilibre du bateau, on cherche la facilité : en solo, quand le temps est agité et que l'on arrive à destination, il vaut peut être mieux s'occuper de la GV tout le temps qu'on est en eau libre, pour n'avoir que l'enrouleur à gérer dans le final. Enfin c'est comme ça que j'ai compris le récit.

Sauf que... j'ai arrêté de faire ça le jour où j'ai pas réussi à enrouler. Enrouleur totalement bloqué, j'ai passé 15mn à l'étrave, accroché au balcon, dans la plume ou dans la flotte jusqu'à la taille selon la fréquence des vagues.... Pas cool! Donc après ça, je me suis tjrs préoccupé d'enrouler devant en gardant ma GV jusqu'au bout.

16 jan. 2013

On a tous été touchés par ton récit qui évoque ce que chacun a pu vivre à un moment où un autre!
Deux enseignements, à mon sens:
- une bonne préparation de ta route est primordiale (route, cap prévisible en fonction du vent, possibilité de déroutement, etc...), histoire de ne pas te faire surprendre à "calculer" au moment où ça commence à devenir critique...
- un équipement bien en phase avec ta navigation est essentiel, ne serait-ce que pour ne pas avoir à se poser des questions bêtes (du genre, où est la ligne de vie?)...
En dernier, Météo-France a beau être décrié, c'est quand même pas mal ce qu'ils disent, même s'il faut un peu de jugeotte pour interpréter leurs prévisions (et non leurs oracles)
Bonnes nav's matelot, tu as pris du galon!

16 jan. 2013

:pouce:
pour un premier grand frais en solo, t'as assure.
et dans le prochain tu seras plus serein, donc plus lucide.
le fait est que t'as emmene ton voilier a bon port sans rien casser ni te retrouver en perdition. donc mission accomplie.

16 jan. 2013

Ce fil me ramène à un phénomène d'accoutumance qui ne fait qu'empirer ces dernières années; connaissez-vous ce même phénomène?

Premier manche de la régate; le vent souffle (Disons au-dessus de 25 noeuds) et la mer est agitée. J'appréhende. les concurrents arpentent la ligne et cerclent à qui mieux-mieux. On a beau choquer, ces tris sont rapides et on n'est jamais à l'abri d'une erreur. Au près, on se fait chahuter et le bateau souffre.
Seconde manche. Quoi? le vent aurai encore gagné qq noeuds? Bof. Ca a l'air maniable. Je vais même relâcher un ris.
Deuxième journée toujours aussi ventée. On y va à fond et on se jette dans la mêlée comme si il n'y avait que 5 noeuds de vent. On réduit la marge de sécurité. Impression de maîtrise et de contrôle. Et puis si le bateau a tenu jusque là....

Idem en croisière : Durant les premières heures d'un coup de chien, je suis super-concentré. Je surveille le bateau et ses points faibles, je contrôle ma route en permanence, je jette un oeil à l'équipage pour déceler les coups de moins bien, j'assure mes déplacements sur le pont.
Après qq heures à ce régime, ben, tout roule; c'est les vacances; un voilier, ça a besoin de vent pour avancer, non?

Bref, c'est pas un peu inquiétant cette accoutumance? L'impression de baisser la garde? Vous connaissez ça?

16 jan. 2013

Tout d'abord, merci Garry17 pour ce récit.

Pour Tribal, moi c'est l'inverse, plus le temps passe et plus je pense aux emmerdes qui qui me sont déjà arrivés. A moins que ça viennent de mon métier de SAV qui fait que je ne vois que des problèmes à solutionner tout le long de l'année alors forcément sur l'eau je n'en veux plus.

16 jan. 2013

Tu as raison, si j'avais eu de l'eau à courir, je crois que j'aurais parfaitement pu m'installer et trouver que la limite était encore très loin. D'ailleurs la limite du bateau était encore très loin, est ce que ça justifie pour autant ce sentiment de sécurité ?

16 jan. 2013

pour une même force de vent (mettons 30 nds, soit grand frais), l'impression et les sensations seront ressenties différemment s'il va encore augmenter, ou s'il diminue.

C'est subjectif, et relatif.. :-)

16 jan. 2013

Merci garry pour ton récit, très... vivant et sensationnel !
On comprend bien que la tombée de la nuit est un moment angoissant dans ces conditions.

T'as assuré ton solo !
Bravo

16 jan. 2013

presque meme la histoire dans l'ocean indien, avec le gros nuage noir qui arrive droit sur nous avec toutes les voile sortie, et panic a bord

16 jan. 2013

Bravo Gary17, ce récit haletant m'a donné envie d'ouvrir une petite bière !! :pouce: :alavotre:

16 jan. 2013

la je comprend que tu veux te mesure aux vieux crabes de l,estuaire,moi je suis trop pudique pour racompté une entrée dans l,estuaire par force 6/7 au bas d,eau ! :-( :-( :-(

17 jan. 2013

Tu as tort ! Fais nous profiter de ton expérience...

17 jan. 201317 jan. 2013

je pense que c'est Emma fait de l'humour;)
En tout cas, un grand merci pour ce partage d'expérience, on en ressort trempé d'embruns!

17 jan. 2013

c'est à prendre comme on veut :heu:

17 jan. 201317 jan. 2013

Bonjour,
Je compatis pour ce baptême de la surprise et bien ton récit.
Autant tous va bien quand la montée est progressive autant que de problèmes et de questions quand on est surpris.
Comme toi, je me suis fait surprendre par un orage en juin dernier en rentrant sur cherbourg la nuit.
Après avoir fait le parcours avec 20 nds de SE mais tranquille, je renvoie toute la toile pour les 15 derniers miles, soudain, c'est 30- 35 nds de SO qui me sont tombés dessus.
Comme toi, il a fallu quelque temps pour trouver la bonne solution. 3 ris et trinquette qui était restée endraillée heureusement.
C'est du thé que j'ai fait avant d'aller dormir.
JJ

17 jan. 2013

bsr,
en med on est habitués à ce changement rapide de temps surtout en intersaisons .
mais quelquefois en été ça surprrend .
le 10juillet dernier départ de la girolata avec un ami bon navigateur ,vers midi direction port cros ,météo convenable , moteur gv haute ,pilote ,
casse-croute dans le cokpit comme à quai avec une houle naissante qui arrive de l'ouest ,
le vent commence à monter on stoppe la mécanique , on loffe un peu pour compenser la dérive , tout va bien , on continue comme ça et on prend un premier ris ,le vent continue à monter ,pour la premiere fois le wisbone trempe dans l'eau
donc 2eme ris wisbone monté au max rafales a 30/35nds
avec la mer qui va avec quelques deferlantes qui claquent sur la coque et les embruns passent au dessus de la capote , à 9h nous sommes au cap lardier
plus de vent du tout on remet le moteur en route pour aller mouiller près de la plage .ce genre de météo c'est très rare en
atlantique ... il aurait été possible que le vent change de sens
de 180° sans prévenir ,ça m'est déja arrivé .

alain

17 jan. 2013

Quel est le plus gros temps que tu aies affronté avec ton catboat ? Te sens tu à l'aise dans le gros temps avec ce type de gréement ? Je crois que tu avais posté à ce sujet mais je ne crois pas que tu avais encore subi du très gros.

17 jan. 2013

je crois que c'est ce jour la ,j'ai pris 40nds mais dans la rade de hyeres donc sans mer avec 2ris et demi puisque je peux moduler ma surface entre le 1er ris et le troisieme en jouant sur la hauteur du whisbone et l'etarquage le long du mat
et pas De probleme le pilote tient très bien le bato quand il est bien réglé .
ALAIN

17 jan. 2013

Oui, sympa !
Et pour ceux qui disent qu'ils n'ont pas (et n'auront jamais) besoin d'un 3ème ris...

17 jan. 2013

En parlant de changement de temps soudain, il m'est arrivé au moins deux fois devant Palavas de voir des bateaux FACE à FACE ..... sous spi .... un des deux perd.
Une autre fois des bateaux sous spi et en face d'eux des bateaux avec deux ris et petite voile d'avant et là je vous assure que c'est très vite la "panique chez les spis".
C'est çà aussi la Méditerranée.
Gilles

17 jan. 2013

Ca m'est arrivé une fois..

j'étais en solo, sous spi. Je me dirigeais vers le Cap Creus.

Au loin, j'ai distingué une voile. Aux jumelles, j'ai vu que c'est un bateau qui venait vers moi... sous spi lui aussi !

J'ai vite affalé. Et le temps que je range bouts' et tangon, le vent me virait sur le nez !! :tesur:

17 jan. 2013

Les méditerranéens vous n'êtes pas tout seul.

Entre Cherbourg et le Raz Blanchard j'ai eu sur 5 miles 2 bascules à 180° par 10-15 nds.. Je suis passé du grand largue bâbord au prés tribord puis de nouveau grand largue bâbord. La bascule se faisait sur 50 mètres. C'était un effet local car tous les bateaux subissaient le phénomène au mêmes endroits

17 jan. 2013

souvenirs d'un retour de Corse:
météo france,météo port Toga, meteo maccinagio, mon baro ......impeccable; pourtant je n'étais pas confiant que n'ai je pas suivi mon instinct
16h passage de la Giraglia vent W15nds, bon plein TVB
à la nuit je prends comme tous les soirs un ris de sécurité
23H 50 vent W 17nds TVB
0H 00 vent W 25 nds je réduis le génois de quelques tours
0H10 vent W 30 nds avec rafales je réduis, veux prendre un second ris mon coéquîpier pas meilleur navigateur que moi me dis "non, non,le second on le prend au matin....." j'enroule encore devant et efface la voile un peu plus
0H 15 ça souffle W 35, 40, plus rafales....bien brêlé je descend la voile, mets la bome sur le pont et mets en fuite le foc réduit et bordé plat des deux écoutes comme un tourmentin....
0H30 la vitesse au loch 6,5nds...!!!! à l'anémo. vent 40, 45nds puis sifflement dans les haubans et dans la seconde l'anémo se bloque à 60nds, je sais bien qu'il est un peu optimiste ... mais quand même
On rattrape la vague , on enfourne régulièrement, jusqu' a 6H ce sera la galère heureusement la casquette bloque bien les embruns et l'arrière soulage
6H d'un coup plus de vent, mais une mer qui nous empèchera de mettre le moteur avant 9h
11H en vue d'Alassio, au fait je voulais rentrer à cannes.....!!!

19 jan. 2013

Ce qu'il faut en retenir. C'est qu'une observation du ciel peut être instructive, la grosse barre noir qui arrive donne rarement des coups de soleil.
Le voilier à côté qui part en digue digue est aussi un très sérieux avertissement.
En général la mer qui noircit et les crêtes qui blanchissent indiquent bien l'arrivée du front.
Bravo pour la maîtrise quand l'événement arrive, ça n'est pas si évident que ça et on sent bien le vécu.
Sur les commentaires que j'ai pu lire au dessus je trouve assez vrai qu'on finit par s'habituer au mauvais temps. Quand le danger n'est pas immédiat on arrive à s'habituer et à contrôler en prévoyant calmement un durcissement des conditions.
mais c'est quand même plus facile à gérer à plusieurs car bien trop souvent le pilote setrouve dépassé et là ! C'est plus angoissant.
Bravo l'ami ! d'autant pluis que ce coin là n'est vraiment pas fin.

19 jan. 2013

Merci pour vos commentaires.

Un petit ressenti sur "l'après" : j'ai du ressortir cette semaine avec le même temps annoncé. Et bien je ne suis pas sorti si aisément que d'habitude. Il ne s'agit pas de peur, ni même d'angoisse mais il y a une sorte de "petit voyant" supplémentaire qui s'active dans une zone du cerveau comme pour dire, "attention danger". Alors on refait le tour des préparatifs et finalement, ça se passe très bien. Un début de petite expérience...

20 jan. 2013

Bravo pour ce récit qui m'a mis dans ta nav car ce lieu de nav est aussi le mien et je suis tout remué de ce que tu as vécu.... Bravo encore.
Je n'ai jamais connu une situation pareille et le jour ou cela va m'arriver je penserais à ton récit que je garderais en mémoire.
Ce jour là je vous raconterais car c'est important de faire vivre son expérience qui aide à avoir le bon geste au bon moment.

Bravo encore et si je te croise à Mortagne j'aurais un grand plaisir à te rencontrer

15 août 2019

Merci d'avoir partagé cette expérience, et de l'avoir écrite avec ce talent.
De quoi prendre des notes au cas où...

15 août 2019

Et puis ça occupe ceux qui comme moi attendent le retour du beau temps...

18 août 2019

la dernière fois que j'ai été dans le golfe du lion
parti à 2h du matin du cap couronne petite brise d'est direction port la nouvelle ,j'avais complèté mon réservoir de g.o à la pointe rouge ,
toute la journée le vent changeait de direction et de force donc j'ai eu de quoi m'occuper ,vers 17h je vois un rouleau compresseur m'arriver dessus du NE et plus de vent ,le temps d'affaler et de ferler l'easy gab bien serré ,
de la pluie à l'horizontale puis des grélons gros comme des balles de ping pong ,un plus gros à traversé le cristal de ma capote ,impossible de rester dehors .il y a eu de très gros dégâts dans les vignes de corbieres et frontignan .
ça a duré 3/4 d'heure et derrière calme plat ,donc moteur ,qui s'arrête 1/2 heure après ,filtre plein de boue noire (merci la pointe rouge)
après 5h de bataille avec des brises évanescentes j'arrive à rentrer dans gruissan ou je finis par m'échouer dans le deuxième étang par manque de vent ,c'est la snsm qui est venue me chercher à 2h du matin pour m'amener à quai .
alain

18 août 2019

Est-ce que l'on peut conclure que quand un avis de vent frais est émis, et que l'on est un peu " forcé" de partir, alors on choisit d'entrée la GV 3 ris et un vrais tourmentin sur un étai largable ou un Storm bag...
Je me rappelle maintenant avoir plusieurs fois entendu aux Glénans, qu'il faut porter la toile du temps et ne pas partir sous ou sur-toilé, mais finalement c'est un peu une connerie dans le cas ou on s'attend à une dégradation, il vaut mieux anticiper et rester sous-toilé au départ, il y a quand même peu de chance que l'on soit plus rapide qu'une tempête qui arrive sur nous.. ?
Qu'en pensent les vieux loups HEO ?...

18 août 2019

Aux Glénans, on est en équipage. Les manoeuvres se font à plusieurs.
Pendant ce temps, le quart de repos... se repose.

En solo ou en équipage réduit, c'est pas pareil.
On n'est jamais "forcé" de partir.

Ce que raconte Alain, c'était en plein été, période propice aux orages difficiles à prévoir.

Flora
(interdit de me traiter de vieille louve de mer... :-D

18 août 2019

"vent frais" force 6 entre 22 et 27nd de vent , ce n'est pas extraordinaire et bien loin d'une tempete biensur suivant le bateau , c'est beaucoup pour un petit deriveur mais "normal" pour un croiseur ..

3 ris parait beaucoup 1 seul devrait suffire pour un bateau de croisiere de 8 à 9m . Quand au tourmentin il faut attendre f8 ou 9.

s'il est annoncé "vent frais" perso je part avec tout dessus puis je reduit a l'approche du vent ..sinon on n'avance pas

A l'interieur du phare Amédée Nouvelle Calédonie

Phare du monde

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