Pouvoir et domination, le couple et le bateau

Précaution : ceci est une improvisation libre, non préconstruite donc potentiellemnt complètement con !

Le bateau est un théatre tragique; Il y a le couple, (amants ou amis), avec une unité de lieux,le bateau, une unité d'action, rester vivant sur la mer et une unité de temps car sur un bateau les mois deviennent des jours, les jours des heures etc jusqu'à la pico seconde !

Le bateau est un lieu unique ou les distances entre les individus sont abolies, où la "barrière limite" est violée en quasi permanence, d'ou le monde du dehors est quasi exclu et pourtant ce sont ses cris qui nous appellent, que ce soit pour nous intimer l'ordre de nous barrer ou de revenir.

La mer est un lieu hostile, profondément chargée de symboliques mystérieuses, qu'elles soient mythologiques, historiques, naturalistes, écologistes ou psychanalytiques.

Le couple à terre trouve un équilibre dans l'élément de la quotidienneté, dans l'altérité, dans la sociabilité, dans la normativité (quelque soit la "norme" pas forcément celle du plus grand nombre)
Quand le bateau et la mer font leur interruption, les bases du couple sont boulversées.
dans chaque couple, il y a de manière plus ou moins dévellopé, de manière plus ou moins consciente, socialement parlant, un combat,une lutte de domination qui se forme. Un couple qui tient, c'est un couple dont les forces en présence s'égalisent. Mais elles ne s'égalisent pas dans l'instant, elles s'égalisent dans la somme des instants.
Sur un bateau, c'es différent.En vérité, il ne reste plus rien des lois passées. Le temps s'éparpille, la somme des instants est un élément à posteriori pas dans le vécu quotidien des jours qui défilent.

Alors la lutte pour le pouvoir peut devenir vraiment violente. Il y a derrière ce besoin de revendication de sa propre liberté par rapport à l'autre, de sa propre existence, dans ce besoin de dominer l'autre, une peur terrible, peur
car la mer, car le bateau car le vertige total de la liberté. Quand je dis liberté je ne parle pas de liberté de déplacement, mais de liberté sociale, de liberté mentale. La remise en question peut être totale.
On peut pousser l'autre a la flotte au milieu de l'atlantique. Et se casser au chili. Tout est imaginable. Pourquoi faire semblant de faire comme avant alors que rien n'est comme avant, que la tension de ce corps qui nous pousse pour aller dans la cabine avant devient intenable, que l'on sent le regard de l'autre, en permance, sans la délivrance du boulot, des copains, des parents. Et que l'on vit en milieu hostile. Sur un bateau, tout peut devenir hostile, tout peut être agaçant.

Parlons "statistiquement" comme ça personne ne se sentira agressé ! Mais moi je me reconnais un peu, j'atais agressif dans une revendication territoriale et de pouvoir. Pas du tout traditionnellement puisque ma femme en savait beaucoup plus que moi sur certains point s avant de partir mais comme tout bon mâle à mi mots, donc en dehors des "normes " classiques mais dans les normes quand même!

L'attitude de l'homme envers la femme sur un bateau me fait penser à une attitude de vieux loup qui a peur de perdre sa place. L'homme s'énerve, crie, hurle, utilise des mots insensées. Combien de manoeuvres de ports, de mouillages ou l'on voit la femme se faire insulter. Et elle qui ne dit rien. Pourquoi cette violence ? Pour être sûr du pouvoir ? Du pouvoir faire ? Pour éliminer la tension "maritime" au passage, cette tierce personne qui comme le diable attend son tour ?

Je ne sais pas comment aller plus loin, mais simplement, en voyant les autres males sur l'eau, en analysant mes attitudes et celles des autres je me rends compte que ce besoin de domination est à ce point important qu'il peut faire basculer l'homme le plus paisible en un atroce tyran. Ou en un surhomme égoiste et tellement dominateur qu'il sait tout faire et n'a besoin de personne, surtout pas de cette main qui pourtant flatte son corps fourbu le soir, dans un mouillage confortable (si seulement c'était vrai !).
Car l'homme a souvent le savoir, donc le pouvoir, il a peur donc il utilsie son savoir pour dominer. Pourquoi, globalement l'homme a le savoir ? Pas tant qu'il l'ait mais il n'a pas si peur que ca de l'acquérir. Ca parait compliqué de changer une tige culbuteur mais pourtant, on le fait facilement s'il le faut.
A mon sens c'est social. Ne serait ce que le role que l'on se donne, il suffit de lire les comptes de Grimm pour se rendre compte que la belle princesse est avant tout une procréatrice (et c'est naturellement vrai) et que l'e beau chevalier est un protecteur familial (c'est vrai aussi, il faut juste trouver la limite entre protection et domination ou s'arr^te l'un et l'autre). Ceci étant les temps ont évolués !

Halte ! Il y a un moyen pour sortir de ce rôle. de cette tragédie.
Il faut que le couple retrouve l'équilibre des forces. Mais quand on est deux sur un bateau, on joue à deux avec le bateau ... pas une à la vaisselle aux chiards et à la popotte et l'autre joueur éternel, enfant gaté à la femme matriarcale, qui goute seul les joies et les plaisirs de son joujou. Car si le pouvoir n'est pas partagé, la femme a peur de se retrouver seule, se sent impotente alors que l'homme triomphe, démiurge océanique. Bien sûr que chacun garde sa spécificité et quand il ferme son bateau, fasse bien ce qu'il veut et se répartisse les rôles a la manière qu'il veut. Mais cette partie là, ce jeu là, on le voit souvent et "statistiquement" il laisse souvent sur le carreau la femme qui ne supporte plus le bateau (ou l'homme qui se fait larguer). Alors que tout pourrait être différent.

Il faut partager le bonheur que procure une manoeuvre de port bien faite, une larme de sel qui coule sur les haubans, la tendresse de l'alyzée, la peur de l'orage, la voile bien réglée, les réveils tendres de milieu de nuit.

Et celui qui a le savoir doit laisser l'autre accéder au savoir. Mais c'est difficile, car elle (il) peut se rendre compte que l'on n'a rien compris à tel réglage, à tel façon de faire un point , elle (il) peut apprendre différement. L'homme voudra être celui qui apprend à l'autre à sa façon, pour garder quand même un part de pouvoir, une part de démiurge.

Alors amis qui révaient de partir, si vous voulez éviter de rejouer des tragésies anciennes, laissez votre femme ou votre copain qui n'y connait rien ou votre gamin de 20 ans qui part avec vous, laissez les apprendre.

Mais pas par vous, ne soyez pas le tuteur, qu'ils trouvent le chemin, qu'ils accèdent eux aussi à ce monde de titans dont vous faites partie (même si comme moi vous avez bien conscience que vous n'êtes pas au sommet de l'olympe !).

Vous l'avez fait, ils peuvent le faire. Et si vous n'avez pas le temps, gardez une petite part d'humilité et dans l'adversité pensez à cette jolie phrase de César Pavese

Etre aimer c'est montrer ses faiblesses sans que l'autre ne s'en serve pour affirmer sa force.

Alors en retour, aimez vous !

On n'est tranquille a deux que quand on sait que l'autre a "grosso modo" le même niveau que soi. Voila une bonne manière de retrouvr l'équilibre et c'est tellement plus sain !
Ca ne veut pas dire ne pas vivre, ca ne veut pas dire s'engueuler, ca veut dire avoir un rapport qui exclu le monde de la mer car trop fort, trop destructeur. Après la vaisselle, la mousse à raser, le bordel c'est un autre problème.

Lire "la domination masculine" de Pierre Bourdieu.

L'équipage
29 juil. 2005
29 juil. 2005

Peut etre que......

.....en montant a bord certain couple (le mot n'est pas innocent il a une connotation d'équilibre) deviennent des paires, mais ça le fait aussi en partant en vacances, en cas de gestion de situation de crise (chomage, inondation....)en fait dans des moments ou cette notion de couple peut etre "cassée" si elle n'est établi que sur des subterfuges comme la chronicité, la ritualisation....
Mais bon je dis ça........
:lavache:

30 juil. 2005

et d'avoir

la même vision du monde et la même quête de l'autre (blanc noir jaune rouge vieux jeune...pourvu qu'il y ait échange)

29 juil. 2005

tres bon sujet merci

le mieux est de rester simple.
Emmanuelle n'a jamais navigué et pour ma part je vais lui laisser le temps.
le temps d'apprendre par elle même à son rytme.
et je prends le pari (je vous tiendrai au courant ) qu'elle saura mieux naviguer que moi (et je parle dans le gros temps) 5 mois après la mise à l'eau.
certaines femmes sont des bénénictions en mer...
comme à terre dailleurs..
CONFIANCE...
Dan

29 juil. 2005

Belle synthèse Gébé

si cette simple condition évidente n'est pas remplie, c'est le naufrage assuré sans couler !!!

30 juil. 2005

le roulis

plus agréable que le tangage ;-)

01 août 200516 juin 2020

regarder ensemble

dans la même direction....

il y a toujours moyen de s'arranger,
la preuve

:alavotre:

01 août 2005

Bof Gébé

Sur ce coup là (sic) crois tu qu'il soit nécessaire d'aller à Tahiti pour l'observer ?

Je dirais que c'est une situation devenue banale de nos jours où que l'on soit.

En bateau, le problème s'amplifie à cause de l'espace restreint sans possibilité d'aller prendre l'air. Aux escales, la grande majorité reste sur le trait de côte à passer l'essentiel du temps à refaire le monde..Finalement, l'horizon culturel est assez modeste en regard des moyens mis en oeuvre. Les vrais voyageurs sont rares. Et, à force de tourner en rond, Y'en a qui ne supportent pas très longtemps ce régime. C'est bien connu, l'herbe du voisin est toujours plus verte !!! ;-) ;-) ;-)

phare des Baleines, ile de ré

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