Nostalgie de l'enfant voileux

Hello,

Je cherche à échanger avec des gens de ma génération (j'ai 30 ans) qui ont passé une partie de leur enfance / adolescence sur un voilier, à parcourir le monde et à s'abreuver de nouvelles rencontres et découvertes à chaque escale.
Est-ce que in fine vous en tirez un sentiment de non-appartenance à la société "terrienne" même si je n'aime pas trop employer ce mot, maintenant que vous vous retrouvez à faire votre vie de manière plus sédentaire ?
De mon côté j'ai encore du mal à m'y faire aujourd'hui, l'univers de la voile et de la navigation reste bien rattaché à cette blessure nostalgique d'une enfance merveilleuse passée à découvrir le monde..
Bref, à méditer, je pose ça là s'il y en a qui veulent faire des retours d'expérience ^^
Merci et bisous !

L'équipage
1j

J'ai passé mon adolescence à parcourir le monde en voilier avec mes parents. Après, je n'ai pas vraiment arrêté. Mes amis sont en grande partie des gens de bateau et vivent dans tous les pays du monde.
Pour mes enfants (3 filles) j'ai pensé qu'il serait mieux de leur faire découvrir le monde enfant et de les scolariser plus perennement à l'adolescence. On a donc vécu à terre entre leur 12 ans pour l'une et 7 ans pour les autres jusqu'à ce qu'elles aient fini leur études, qu'elles ont mené haut. Elles ont gardé une grande ouverture d'esprit, parlent plusieurs langues et travaillent à l'international. La mer est pour l'une très présente (docteur en biologie marine), mais les autres ont marié des terriens.
Quand j'étais gamin à bord, les enfants de bateau étaient nombreux. Beaucoup moins quand on navigait avec nos enfants entre 1985 et 1995. Maintenant, il me semble que c'est très rare. On voit des vacanciers sabbatiques, mais des familles au long cours, ça fait des années qu'on n'en a pas rencontré.

Nous n'avons pas d'enfants mais c'est ce qu'on remarque aussi, la tranche d'age de 30 a 50 ans est assez rare. On voit des couples faire un voyage avant d'avoir des enfants, puis après qu'ils aient finis leurs études...

Oui, dans les années 90/2000 c'était sans doute considéré comme plus viable comme projet de partir à l'aventure avec ses enfants. Mes parents ont déjà dit que le monde avait changé entre temps et que ce n'est pas un projet qu'ils envisageraient de la même manière aujourd'hui...

20h20h

Pas de nostalgie dans mon cas. Ce n'est pas le mot.
J'ai presque le double de ton âge et ai passé au moins 6 mois par an en mer de ma naissance à ma majorité. J'étais néanmoins scolarisé à terre (proche de l'eau !)
Jeune adulte, j'ai vu dans la vie à terre une opportunité de gagner des sous pour ... retourner en mer sur mon propre bateau. Sacré motivation, qui m'a également menée à choisir un métier me permettant de travailler à peu près partout dans les "paradis tropicaux".
Presque 20 ans de vie frénétique à alterner boulot (un peu) et aventures maritimes (beaucoup).
Ca s'est gâté lorsque j'ai fondé une famille et accepté un boulot loin de la mer, mais plus lucratif (enfin, un peu plus...). Le piège s'est refermé sur moi, tout doucement.
Lente descente aux enfers jusqu'à la dépression, la tentative de suicide qui va bien (avec le recul, on se demande comment on a pu en arriver là...), l'hospitalisation (longue), la très lente et très progressive remontée et pour finir, une rémission fragile. 18 ans loin de la mer, c'était surestimer mes forces.
Une des thérapies très efficaces a été l'écriture.
A ce stade, mes enfants sont étudiants et presque autonomes, alors je plaque tout et je replonge dans le grand bain : démission du boulot, changement d'hémisphère, installation à bord (seul).
Objectif : puiser sans l'océan, les embruns, les cailloux, le vent, l'énergie qui me fait tant défaut.
Ce n'est pas une fuite, c'est un retour aux sources. Nécessaire. Pas de date de retour prévue. Je verrai bien où ça me mènera. La famille me soutient à 100 %. Je suis optimiste.

Merci pour ton témoignage ! Pas très rassurant je dois te l'avouer, mais je suis contente que tu te sentes en phase au jour d'aujourd'hui :)

Merci. En fait, j'ai présumé de mes forces, erreur que n'ont pas faite les amis de ma génération qui ont également eu une enfance heureuse sur l'eau. Il sont prudemment restés au bord de la mer, ce qui leur a permis de conjugueur boulot à terre, scolarité des enfants et navigations très fréquentes.
Il n'y a aucune raison que tu n'y arrives pas, si la mer est un besoin.

Joli témoignage.

Cape Florida Lighthouse, Key Biscayne Florida, USA

Phare du monde

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Cape Florida Lighthouse, Key Biscayne Florida, USA

2022