Je suis tombé amoureux...

Le week end de Pâques a été l'occasion de notre première "vraie" virée avec NOTRE bateau (purée, c'est affolant, à chaque fois que je le dis ou l'écris, ça me fout les poils...).

Ca faisait plus de vingt ans qu'on en rêvait, pendant qu'on naviguait sur les bateaux des autres (Flirt, Muscadet, et Sangria depuis un peu plus de dix ans).
Après trois jours passés sur l'eau à baguenauder entre Arzal et le Crouesty, j'ai vraiment l'impression que c'est MON bateau (et hop, un petit coup de poils, je ne m'en lasse pas...) alors que jusque là, après quelques trop rares sorties automnales à la journée, j'avais toujours le sentiment d'être invité à bord.

Par rapport à ce que j'ai vécu jusque là (bien que j'y ai toujours pris un plaisir immense), c'est juste une révolution. En vrac :
- il y a des toilettes à bord, et je peux les utiliser, c'est à dire caser mon mètre quatre vingt dix dedans sans avoir à enduire au préalable mon petit corps délicatement potelé d'un agent lubrifiant quelconque. Certes, on peut toujours se poser sur le balcon avant, mais sous nos latitudes, il y a quand même des fois où ça rafraichit quand même sérieusement ce que l'on appellera pudiquement les idées;
- il y a une vraie table dans le carré. Exit le moment délicat du dépliage de la table de camping reconvertie, durant lequel des précautions de chirurgien sont requises pour ne pas éborgner son voisin. Qui plus est, la table ne tremble plus sous la simple action de la plongée de la petite cuillère dans un oeuf à la coque, ce qui évite de se retrouver avec son assiette sur les genoux au premier coup de roulis. Bref, à nous les gueuletons !
- on a un frigo. Luxe incomparable, qui nous permet de déguster un rosé pamp' bien frais, tout au moins à une température nettement inférieure à celle obtenue en plongeant les bouteilles dans l'eau bretonne (beaucoup plus chaude au final que ce que les légendes urbaines ne le laissent croire). On peut aussi conserver le beurre dans un état acceptable pendant quelques jours, et ce même pendant les chaleurs tout aussi infernales qu'estivales liées à l'action de l'implacable soleil breton. Vive les sandwiches Traou Mad/beurre !
- je dors comme un loir dans une vraie bannette double, dans laquelle je peux enfin être étalé sans avoir les pieds qui dépassent (ou logés dans la baille à mouillage). Point tout aussi important voire plus, je peux dorénavant aussi dormir AVEC ma douce sans être séparé d'elle par le couloir du carré, qui représente dans les cas de besoin de réconfort/réchauffage de pieds féminins glacés un obstacle tout aussi infranchissable qu'un rideau de fer version marine;
- je découvre les joies des manoeuvres avec un moteur inboard. Le bateau tourne tout seul dans un mouchoir de poche, sans que l'on soit obligé de se plier en deux par dessus le balcon arrière pour orienter ce foutu hors bord dans le bon sens. Un coup de marche avant/ou arrière selon les cas, et on s'arrête pile... Me reste juste à me rentrer le gabarit de l'engin dans l'oeil, parce que pour le moment, j'ai un peu l'impression d'avoir un truc un peu énorme sous les pieds par rapport à ce que je connaissais jusque là;
- les passavants me font l'effet d'autoroute tellement ils sont larges. C'est vraiment le pied, à tel point que je vais presque finir de trouver rigolo d'aller faire le guignol à l'avant;
- au portant, ça roule à peu près trois cents fois moins que le Sangria, les verres de Muscadet restent bien droit, et on peut boire son café tranquille sans le partager avec ses genoux;
- plus de barre d'écoute au milieu du cockpit, mes tibias n'auront plus besoin d'être rafistolés tous les soirs à grand coup de Whiskey (version locale de la Bétadine) et de sparadrap;
- le hors bord de l'annexe est bien peinardement positionné sur son support de balcon arrière, exit la séance entraînement de Terminator pour l'extraire du coffre arrière dans lequel il est sournoisement allé se planquer tout seul sous l'ensemble du merdier invraisemblable qu'on entasse à cet endroit là;
- on s'est tapé un retour Le Crouesty / Arzal au louvoyage, avec un bon medium établi. Par rapport au même exercice avec le Sangria, ça m'a fait le même effet que d'enfiler des pantoufles après avoir couru un semi marathon avec des chaussures de ski. Des mouvements tout doux, presque sans taper, avec un sentiment de sécurité toujours présent, même dans les claques (relevées à 29 kts à Belle Ile d'après Météo France);
- ça droppe ! A tort ou a raison, j'ai l'impression d'avoir gagné un bon noeud de vitesse moyenne par rapport au Sangria.

Là, tout ça mis bout à bout (et j'en oublie certainement, mais je ne voudrais pas indisposer un lectorat potentiel de détails qui n'ont probablement d'importance qu'à mes yeux), ça nous ouvre des perspectives de réalisation de ce qui n'étaient jusqu'alors que des fantasmes paraissant inabordables (Irlande, Ecosse, Norvège...).

Bref, en un mot comme en cent, je suis tombé raide amoureux de mon canot. Je plane depuis ce week-end comme si on venait de m'annoncer que j'étais devenu immortel ou que j'avais hérité par magie du physique de Brad Pitt...

Vous croyez que c'est grave ?

:whaou: