De la motivation de prendre la mer...

Sur autre fil Captainhervé à mis un extrait d'un livre que Moustic a eu la gentillesse de mettre en version "corrigée".
Ce texte que je ne connaissais pas m'a parlé et j'ai voulu l'extraire de l'autre fil, même s'il y avait sa place, parce qu'il me semble qu'il ouvre la porte à un autre débat...

"Beaucoup de personnes à mon retour m'ont dit qu'ils auraient bien aimé avoir plus d'infos sur comment je vivais les événements, je vais donc essayer.

Tout d'abord, j'aimerais dire aux personnes qui croient qu'il faut beaucoup de courage pour suivre ces rêves qu'elles se trompent.

Les rêves ne sont que des projets pas encore réalisés et quand ils se réalisent, il faut beaucoup plus de courage pour y renoncer que pour les vivre : il m'aurait été beaucoup plus difficile de ne pas partir, ce rêve a germé en moi alors que je n'avais que 8 ou 10 ans, en voyant les video d'Adrien en vacances aux Baléares. Depuis ce temps, je ne pensais plus qu'à prendre ma retraite sur un voilier, je n'aurais jamais pensé partir si tôt, mais parfois la vie vous fait des cadeaux, par les rencontres que vous faites et ces rencontres vous ouvrent des portes que vous n'auriez jamais ouvertes sans eux.

Après le rêve devient projet et là il ne tient qu'à vous d'aller jusqu'au bout ; pour moi il est plus facile de suivre une route quand on l'a choisie, j'ai toujours été révolté de vivre dans un système qui ne respecte plus rien si ce n'est le porte-monnaie.

Depuis que j'ai reçu l'étiquette de dyslexique, j'ai compris que je ne fonctionnais pas comme la majorité des gens. D'abord, on m'a dit que ça allait s'arranger avec la logopédie, mais on ne peut soigner que des maladies, pas des différences.

Je crois que c'est ce qui m'a poussé à partir. Comment croire en un système qui ne croit pas en vous ? Le jour où la dyslexie ne sera plus considérée comme une maladie, on aura fait un grand pas. Il faut dire que ça s'est un peu amélioré depuis, mais d'ici que les dyslexiques aient un enseignement adapté, il y a encore beaucoup de boulot.

Enfin tout ça pour dire que mon voyage c'est ma thérapie, je pense bien plus efficace que des séances de psy, car quand on est seul au milieu de nulle part et qu'on ne peut compter que sur soi, pour quelqu'un qui manque de confiance en lui, c'est surement la meilleure thérapie ; de plus, quand vous avez construit presque entièrement votre bateau et vous voyez qu'il tient la mer, vous vous dites que finalement vous êtes pas si nul que ça.

Peut-être que certaines personnes seront déçues de voir que ce qui m'a fait aller jusqu'au bout est un sentiment de souffrance, mais franchement quelqu'un qui est bien dans le monde dans lequel il vit n'a pas de raison de prendre de tels risques : pourquoi irait-il se perdre au milieu de l'océan, si ce n'est pour se retrouver ?

Jusque là j'ai fait des progrès sur la confiance en moi, mais il reste encore du boulot pour que je m'accepte et pardonne au système, et que j'accepte les choses comme elles sont.

La nav vous oblige à vivre le moment présent, car c'est la météo qui décide, pas vous. Il faut donc accepter que tu ne contrôles rien. Ce qui est difficile pour l'esprit humain qui veut toujours s'assurer de sa survie. La mer m'a fait comprendre que bien souvent c'est la vie qui décide pour toi et que le seul choix que tu as est de l'accepter ou de le refuser, mais que tu sois d'accord ou pas, ça n'y change rien, elle fait ce qu'elle veut.

Soit tu marches avec elle, soit contre. Je vais peut-être réussir à marcher avec elle, après m'être entêté à aller à contre-sens pendant plusieurs années. Ce voyage m'ouvre les yeux et petit à petit, je reprends la vie du bon côté. Enfin encore pas mal de boulot avant de pouvoir remarcher dans la bonne direction."

J'aurais pu écrire certains passages moi-même, c'est dire si je suis en phase !

Moustic écrit à la fin du texte qu'elle aurait pu écrire certains passages. Moi aussi !
Combien d'entre nous ont ce sentiment de se retrouver eux-même lorsqu'ils sont en mer ?...

L'équipage
01 jan. 2012
01 jan. 2012

... Pas tout à fait d'accord.
J'ai bien plus le sentiment, enfin, de rencontrer en mer l'autre moi-même, l'envers de mon décors quotidien, le type qui ose encore plus, ou encore mon moi caché, ou encore mon super moi, et pour finir, la rencontre avec l'immatériel de ce qui me sert de corps, de coeur et d'esprit, un peu de mon âme, et parfois, dans une grâce, un peu de l'âme de l'humanité, entre prière et concentration dans le baston ou dans l'éternité biblique de la pétole.

Non résolument, en mer, je ne suis pas moi-même !
Mais qui est le moi de la question ?

En fait, pour terminer, j'aime aussi être "elle" plutôt que moi. Elle, la mer elle ma femme, elle ma féminité !

encore des dégats collatéraux des bubulles du réveillon !

:langue2:

Hubert, de Cherbourg

Phare du monde

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2022