Transat Saint Martin/Horta bord à bord!!! Quelques récits.

Certains me connaissent ici, je suis désolé de n'avoir pu donner des nouvelles mais cette année 2018 aura été remplie.

De nombreuses anecdotes vécues à vous partager mais pour ce premier soir, de retour ici, ce sera celui de ma transat retour entre ST Martin et Horta aux Açores (qui d'ailleurs restera mon coup de cœur de ce voyage épique).

Pour vous placer dans le contexte et pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis possesseur d'un Jouët 10.80 gte (pas 10.40 je précise), le dernier de la série soit le n°22. Je le possède depuis décembre 2012 et le bichonne avec soins. Nous sommes partis à 2, mon pote (zéro expérience voile) et moi même le 31 octobre de Port Leucate pour une boucle classique Gibraltar/Madere/Canaries/Cap Vert/ Caraibes (de Grenade à Saint Martin)/Açores. Ce fut ma première!!!

Je rentre depuis peu et mes souvenirs encore frais de ce retour me semblent intéressants à partager tant ils furent riches d'enseignements!!!!

Si je vous dis que nous aurons fait l'intégralité des 18 jours de navigation entre St M. et Horta à vue de nos potes sur leur Sun Shine 38 régate vous me croirez??? Départ étraves côte à côte et arrivée de nuit par 30 nds au port de Horta ensemble!!! Oui, oui je vous le jure!!! Et n'allez pas croire que cela c'est fait en ayant dû s'attendre... si je vous dis que sans efforts considérables nous sommes restés très proches, que durant 2 jours seule la vhf du bord nous aura permit de garder contact alors que tout le reste du temps ce fut par le biais des vhf portables c'est la vérité vraie!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Je pourrais à ce sujet vous expliquer, malgré leur grande similitude, les différences de carènes et donc de performances des deux bateaux menés par des gens du même âge et d'un même niveau. Très instructif!

Naviguer de concert est une expérience extraordinaire et malgré la concentration supplémentaire que cela demande d'avoir constamment un bateau à proximité, je peux vous assurer que c'est d'un plaisir certain! Du passage de la brique de lait qui leur manquait, ou du génois qu'ils nous ont prêté alors que le notre été déchiré, cela nous aura beaucoup profité! Je vous passe les photos/vidéos que nous nous sommes faite, quel plaisir de voir son bateau photographié en plein milieu de l'océan :topla:

Sur ces 18 jours de navs nous aurons connu 2 jours de réelle pétole, l'océan lisse, les puffins marquant de leur aile un léger sillon sur l'élément bleu! Cachalots (dont un percutera un voilier violemment), des ciels magnifiques...et des sargasses jusqu'au 9 ième jr de navigation. Des nappes entières venant s'étaler sur le pont et se coinçant dans les rails de fargues! Par chance nos bateaux monosafran n'ont pas été gêné par cette algue. Le plan incliné de nos quilles et la présence de crapodines avant le safran ne retenant que très peu cette algue. Pour info, on a connu des RM et des Pogos, a l'allé, qui devaient se taper des marches arrières parfois jusqu'à 10 fois par jour pour s'en dépêtrer!!!

Maintenant je vais certainement faire rire certains d'entre vous en annonçant un chiffre! Chiffre qui vous paraitra surréaliste mais mes yeux, mon cerveau, l'ont encore bien imprimé! Véridique... 19.2! Telle fut notre vitesse max (vitesse fond) constatée lors d'un surf interminable. Hallucinant, j'en avais déjà vécu sur 470, micro neptune 5.50, jouët 7.60 ou encore Figaro 1 mais là ce fut du lourd. Grand largue, GV 2 ris et tout génois dehors. Les gerbes d'eau habituellement à la hauteur du mat se trouvaient cette fois au niveau de...la bôme grandement choquée, la dépassant de sa hauteur! Interminable, stressant mais jouissif. A ce moment là on se sent sur des rails mais la trajectoire se doit d'être rigoureuse car sinon cata!!! Nous étions sur un mur d'eau déferlant avec un bruit de mirage 2000 au décollage!!!!!!!!!!!!!!!!!! On prie à cet instant pour ne pas croiser un OFNI, qui ont été finalement assez nombreux sur cette partie du voyage.

Nous aurons connu sur ces 18 jours, 12 jours entre 18 et 25 nds, 3 jours entre 25 et 35, 1 jour et une nuit au dessus de 40 (max à 44nds) et 2 jours entre 0 et 7 nds...réels. Au départ de Saint Martin, chaleur accablante, mer forte nous aurons tenu 3 jours de prés/bon plein avant de débrider un peu.
Beaucoup de cargos croisés, peu de voiliers. Notre éolienne SilentWind nous aura sauvé la mise car beaucoup de ciel gris. Le pilote inboard raymarine aura énormément fonctionné. Je doute à ce sujet de l'utilité d'un régulateur d'allure sur un bateau vif...
Nous avons dû passer une nuit entière enfermé dedans car les vagues étaient trop menaçantes et déferlées dans le cockpit. Je pense qu'on est plus confort sur un voilier au déplacement lourd... Les hiloires de mon cockpit ne sont pas aussi prononcés que sur un first 35 par exemple et aux allures serrées ou proches du vent, les vagues passent par dessus et inondent le cockpit qui heureusement se vidange vitesse grand V. J'aurais ainsi remarqué la faible étanchéité de mes coffres, problème réglé à ce jour. La présence d'un bridgedeck de belle taille est ultra rassurant, certains râleront de devoir enjamber cet obstacle pour descendre à l'intérieur mais croyez moi il offre une sacrée sécurité face aux vagues et un confort certain pour le poste de quart à l'abri sous la capote de roof.

Je conseille à tous de préparer sa monture dignement car même si aujourd'hui beaucoup d'attirails de sécurité sont présents, il me semble malvenu de le prendre pour autant à la légère!!!! Tout d'abord parce que arriver à destination sans se dire "il me faut réparer ça" c'est reposant et on profite réellement du voyage mais aussi parce que quand les avaries s'enchainent le risque de mettre sa vie en danger est réel! Nous ne sommes pas comme un coureur de fond ou un alpiniste dont seul le physique et le mental sont liés à la réussite du périple. Nous sommes liés à notre bateau et il conditionne pour moitié l'achèvement du voyage. Mon bateau ne m'aura causé que d'infimes désagréments, en revanche, moi même j'ai failli être un danger. Mauvaise gestion de l'alimentation, de l'hydratation, du sommeil, mauvaises prises de décisions ou retard pour en prendre. A chaque débrif on se rend à quel point nous sommes l'élément faillible numéro 1. Je parle pour un bateau bien préparé et bien nait bien entendu...

"Si tu penses que ce que tu dois faire est nécessaire d'être fait maintenant...ne le retarde pas!" m'avait dit un vieil ami briscard issu du Mini 6.50. C'est en tt point vrai! Je pense que c'est ce que je retiendrai comme leçon principale.

Je posterai de temps en temps des anecdotes, des conseils par ici.
Pour l'heure je prépare le retour Ponta Delgada/Leucate en solitaire. Et il me tarde :goodbye:

PS: si vous voulez des infos n'hésitez pas en MP ou ici sur ce nouveau fil.

Julien sur Shirel.