Récit de mon passage Gambier-Marquises

Récit du passage Gambier-Marquise, j'espère que vous prendrez du plaisir à lire :

Départ des Gambier le 15 janvier, à peine l'ancre relevé je reçois un texto d'une copine qui me préviens du tsunami potentiel engendré par le volcan aux Tonga. Ça commence bien me dis-je, mais bon un tsunami on le ressens pas en mer donc je sors les voiles et pars comme prévu.
En sortant de l'archipel je me rend compte qu'on est 5 voiliers à partir en même temps ! C'est rigolo on va faire une régate.
Ma girouette anémomètre ne fonctionne pas, elle a pris l'eau et bien que je sois monté au mat le matin du départ, que j'ai parfaitement nettoyé les connections qui étaient oxydés, ça a marché 5mn et puis plus rien... c'est un instrument qui sert à donner la direction et la force du vent, pratique mais on peut s'en passer.
Les deux premiers jours sont plutôt agréable, il fait beau, le vent est juste un poil mou ce qui fait que j'avance pas très vite mais c'est pas trop grave, être en mer est agréable.
A partir du 3ème jour je commence à prendre grain sur grain, ce qui m'oblige à me dérouter à chaque fois car le vent change de direction, il passe nord à chaque grain, c'est à dire la direction vers laquelle je me dirige. C'est ultra chiant car tout la nuit car je suis obligé de beaucoup veiller et de constamment regler mes voiles.
Les autres bateaux ont déjà disparu depuis longtemps, deux plus rapide que moi et deux que j'ai laissé loin dans mon sillage.
Je casse encore une ligne de pêche, je suis dégoûté car en tout j'aurai cassé trois fois (une fois à la sortie des Gambier, une fois le 3e jour, une fois à l'arrivée), perdu mes 3 meilleurs rapala pour zéro poisson. Pour que ça casse comme ça, ça doit être du très gros qui a mordu.
Le vent commence à monter, 15nds, il va s'intensifier chaque jour un peu plus, et il tourne comme prévu de plus en plus Est (il était Nord-est jusque là).
Le vent forcit bien, 20-25nds je réduits la voilure, malgré ça le bateau est extrêmement gité ce qui rend la vie à bord très inconfortable.
De plus l'océan devient de plus plus difficile avec des vagues haute et courte, qui viennent se fracasser sur la coque, comme si je me prenais une voiture de plein fouet. Les vagues brisent sur le bateau, le recouvrant de mer, rentrant à plusieurs reprises à l'intérieur, j'ai toujours pas compris comment.
Chaque déplacement devient un effort, je me sens comme dans une machine à laver, je me fais violenter, je me cogne de partout. Cuisiner devient impossible.
Les objets pourtant sécurisé tombent, les fruits pareil. Je ne peux plus lire dehors car il y a trop de vagues qui se brisent et mouillent le cockpit.
Dedans il fait chaud, c'est étouffant malgré mon petit ventilateur.
Un matin, miracle, ma girouette anémomètre refonctionne, c'est quand même utile pour régler plus finement le bateau.
Les 5 et 6ème jours on avance du feu de dieu (145 et 165 milles parcourus), c'est le seul truc réconfortant, d'aller vite et de voire la distance se réduire.
En début d'après-midi je vois enfin la terre. J'ai un comité d'accueil exceptionnel, d'abord les oiseaux, le soleil et enfin mes meilleurs potes: 3 dauphins viennent me saluer et me guider jusqu'à Fatu Hiva, c'est magique. Toute la souffrance des jours précédents est oublié.
Juste avant le coucher du soleil je pose mon ancre dans la mythique baie des vierges et vais pouvoir me reposer enfin.