L'avis et les expériences des spécialistes du cata de croisière

Depuis un peu plus d'une semaine, nous subissons onde tropicale sur onde tropicale, caractérisées par des pluies diluviennes et des vents violents de plus de 50 noeuds.
Je devais partir aujourd'hui et remets à demain, on verra si ça s'arrange.

J'ai subi à Canouan au mouillage il y a une semaine un train de grains qui ont duré 2 heures, impressionnant,
il y a quelques années, j'avais eu un grain blanc
dans le canal de Ste Lucie, sur un Lagon 380, après 15 noeuds de vitesse, on n'avait plus regardé le speedo,
un des mes amis a eu aussi ça en début de semaine dans le canal de Ste Lucie, avec 2 familles, le skip pro est resté dehors avec un client, toutes les familles restant dans le carré, le bateau, un Lipari 41 sur une coque...

Voilà mes questions:
1) face à ce genre de situation, j'avais abattu en
grand (la mer restant fort plate), alors que mon copain est resté près du vent.
Qu'en pensez-vous?

2) les nouvelles voiles à corne n'amplifient-elles pas le risque?

Voilà, voilou, merci de vos expériences.

RV

L'équipage
01 juil. 2011
01 juil. 201116 juin 2020

Bonjour,
En 87 j'ai skipé un Edelcat 33. Dans des conditions similaires, j'ai fait une pointe à 22 nœuds à plat. Mais surtout, plus tard dans la journée, je l'ai mis sur un flotteur.
J'en avais conclu que pour la grande croisière ce type de bateau n'était pas raisonnable.

Depuis dans les salons nautiques, je pose la question. (Car incontestablement pour vivre à bord c'est beaucoup mieux.) La réponse est toujours la même. Nous avons fait des progrès, ce n'est plus possible. Les catas sont sous toilés ! Ils vont assez vite pour s'échapper devant le mauvais temps…

Aux Antilles, si les grains sont faciles à cerner, je choisi plutôt le près en visant la queue du nuage.

01 juil. 2011

J'aurais tendance à privilégier tout l'un ou tout l'autre en fonction de l'état de la mer et de ma destination.

Par gros vent, disons donc un VR supérieur à 35 nd. la solution en mer formée est, à mon avis, le portant avec voile trés réduite. Je vise une vitesse cible entre 8 et 9 nd. J'évite les surfs, en choisissant une route qui me fait rester dans le creux d'une même vague (en gros donc, à 140° de la houle, le jeu étant d'avancer en biais en même temps que le train de houle.

Le risque du portant et de la survitesse, c'est évidement l'enfournement et la cabriole qui s'en suit. Il n'y a que peu d'échappatoire, la GV étant contre les haubans et la solution de loffer conduit directement à une forte augmentation du vent apparent.

L'autre option ne fonctionne qu'avec une mer peu formée ou trés longue. C'est celle classique des dériveurs légers dans un vent irrégulier : le prés. Il est alors trés aisé de loffer ou de choquer dans les rafales et le contrôle de la vitesse est également aisé. Cela ne marche qu'avec une mer convenable, avec une mer cassante, c'est infernal, avec des déferlantes, c'est dangereux.

Dans le cas que tu cite, eau plate, les deux options étaient possible, au portant tu n'avais pas réellement de risque d'enfourner sans vague et cela devait être plus agréable (Vent apparent moins fort) que sur le bateau de ton copain, mais au final vous alliez où ?

Les autres allures ? Vent arrière, risque fort d'empannage et d'enfournement.
Vent de travers : c'est la douche, les vagues frappant le bordé.
Bon plein : gaffe à la vitesse dans les vagues. Facile de choquer ou loffer.

Je n'ai pas de voile a corne et donc pas l'expérience qui va avec, mais je pense qu'elle ne fait qu'augmenter les avantages et inconvénients des deux options.

Jacques

01 juil. 2011

aux canaries je me suis fais surprendre j étai au largue je suis parti a plus de 20 nds , ça fait bizarre , heureusement le catana a des étraves trés tulipées . dans les canaux aux antilles ,journée a grain ou grain arrivant je reléve bien les dérives , pour moi une vrai sécurité d avoir des dérives sur un cata

01 juil. 2011

Sur la question de naviguer sur une coque, j'ai connu ça deux fois en 22 ans avec Erendil.

Une première fois, quelques semaines après sa mise à l'eau, nous devions l'exposer au Salon Nautique de Marseille qui se tenait alors dans le vieux port. On part du Lavandou, le mistral se lève en passant Giens. On se dit que l'on réduira dès la sortie de la passe. Risée forte, on monte sur une coque (on était au près), on choque et on loffe, on vire le foc et on abat en grand pour aller nous cacher devant la Capte...

La deuxième fois, c'était à la fin de Novembre à Hyères, dans les années 2000. On avait gagné les deux éditions précédentes, et on venait de gagner celle là. Il y avait quelque chose comme 20 nd plein nord, on était bon plein sous genaker, on venait de passer la ligne, de saluer les suivants, et on rentrait au port pour la remise des prix. On était hyper content. L'équipage était trés solide, composé pour l'essentiel de marins pro et cela faisait déja un moment que l'on tournait ensemble en régate. On a fait bien un mille sur une coque sans la poser, à 12 nd. On étais 6 à bord, chacun faisais son truc. Magnifique.
Je ne l'ai jamais refais !

Jacques

01 juil. 201101 juil. 2011

bizarre cette notion de sous toilé par sécurité...ceci devrait être à l'initiative du skipper pas du chantier, rien n'empêche de prendre un ris dés qu'on le souhaite.

Je répondais à sylphe.

01 juil. 2011

bah les 3/4 on peu d expérience , et on dit souvent que la nav dans les antilles est facile , ceux qui est rarement vrai en hiver , mer assez forte de travers voir au bon plein et vent de 20/25 nds de moyenne ce qui donne de suite du 25/30 nds apparent

01 juil. 2011

C'est vrai que les chantiers réduisent la surface des voiles, l'Orana 44 est moins toilé que le Bélize 43..

RV

01 juil. 2011

C'est dommage, dans les petits airs c'est tellement agréable d'avoir de la toile.

01 juil. 2011

aux antilles trés rare

01 juil. 2011

Meuuhh, il n'y a pas qu'en med qu'il y a de la pétole. J'ai quelques souvenirs de coins bien déventés... A l'ouest de toutes les iles...

Jacques

01 juil. 2011

pareil...

01 juil. 2011

sous le vent pas ou peu de vent voir vent d ouest , moteur ça permet de recharger les batteries et de faire de l eau ( dessal )
en tout cas pour la location c est mieux de sous toilé leurs catamarans
pour les bons ( rare ) il y a le ts 50 et outremer 45 , 50

01 juil. 2011

Voila voila, ca commence par nous dire que c'est bien parce qu'il y a toujours du vent, et après ca nous explique que quand il n'y en a pas, finalement, c'est mieux pour tout le monde...

:acheval:

Jacques

01 juil. 2011

qui a dit ça ??

01 juil. 2011

Abattre dans la survente abouti souvent à partir avec. En loffant, tu en sort plus rapidement. Mais c'est théorique, la survente n'est pas forcément dans le même axe que le vent moyen.

La solution de loffer dans la survente s'impose au près. Au portant, elle se réfléchi. Si tu est dans les 160° du VR, laisse tomber, loffer va te faire accélerer et ça va être pire. Autant serrer les fesses, et enrouler ou affaler le foc. A 120 ° du vent, ca commence à valoir le coup.

Jacques

01 juil. 201101 juil. 2011

Si j'ai bien compris le pb initial, tu vas devoir faire route dans un vent, disons médium, avec un risque de grains pouvant atteindre 50 noeuds.

Ce que je ferais dans cette situation (à part rester au bar) :
1) sous toiler la grand'voile, en effet sauf si tu as un équipage capable de prendre 1 ou 2 très rapidement, cette manoeuvre avec un tel vent risque de durer et entrainer de la casse matérielle voire humaine...et je la choquerai dans les surventes

2) je jouerais sur le génois (à enrouleur) qui permet une réduction rapide (voire totale), si on passe quasi vent arrière brièvement et qu'on le dévente...

Lorsqu'une survente arrive sur le bateau, le vent apparent devient moins pointu, donc lofer peut être dangereux sur un cata, car tu repasses au près et tu risques de lever une coque, abattre est la solution la plus adaptée...A nuancer, si la survente n'est pas de la même direction que le vent établi.

Lorsqu'on choque la grand'voile sur un cata, la solution de fainéant est de jouer sur le chariot, c'est plus facile à reprendre... En cas de survente il faut également choquer l'écoute, cela ouvre la GV dans le haut, donc diminue la pression dans le haut et réduit le risque d'enfournement (minime sur un cata de croisière, sauf par grosse mer). Ceci est d'autant plus vrai, que la GV est à corne ou à fort rond de chute.

Et puis si tu dois faire une longue route au grand largue, pourquoi ne pas matosser, passer ce que l'on peut déplacer de l'avant vers les cabines arrières, cela rassure !

01 juil. 2011

Ben toi !

:-D :-D :-D

Jacques

01 juil. 2011

ah ? ou ? :reflechi:

01 juil. 2011

Dans le même coup de vent que j'ai subi, grain blanc, je me demande si j'ai eu la bonne réaction.
J'ai légèrement abattu pour me retrouver grand largue, descendu le chariot et tenté de rouler le génois. Mais rouler un génois de ces tailles dans un gros coup de vent est finalement fort long.
Certains que j'ai retrouvé à l'arrivée ont commencé
par affaler en grand la GV.
Ce que n'a pas fait mon skipper ami parce qu'il craignait de la déchirer.

pour être franc, je ne sais pas ce que je ferais aujourd'hui avec l'expérience acquise.

RV

01 juil. 201101 juil. 2011

je m aperçois aussi que de rouler rapidement le génois est impossible dans un coup de vent car on fatique vite de vouloir wincher rapidement , peut être un cabestan que pour ça ou passer en winch électrique

01 juil. 2011

au portant j'ai tendance à abattre dans les risées/grains...histoire de prendre le vent plein arrière et calmer les ardeur du bateau, du travers au prés loffer jusqu'à vent debout si il le faut.

Maintenant je ne crois pas avoir encore pris 50 Kts dans une rafale, est-ce une erreur ?

01 juil. 2011

Ce n'est pas une rafale, c'est un coup de vent très violent qui arrive en moins de 30 secondes et qui dure 5 à 10 minutes.

RV

01 juil. 2011

Et dans la pratique faut-il agir différemment ?

01 juil. 2011

A mon avis, ça dépend de l'équipage. Si on a un équipage aguerri, on peut se répartir les tâches. Quand on est avec des clients, en général novices, il faut tout faire tout seul.

RV

01 juil. 2011

Je n'ai pas votre expérience bien que je navigue depuis 2 ans en Polynésie sur un catana 42S équipé voyage (donc 11T). Ceci pour rappeler qu'il y a probablement cata et cata. Je navigue à 2, avec ma femme qui barre bien ou décoince pas mal au piano. Lors des surventes pas trop anticipées (Venturi de vallée ou grains, je me fais encore piéger), J'évite de lofer car le vent apparent est bien trop fort. Le bateau est sain pour passer les vagues mais le gréement n'a que deux haubans et un étai. Ce n'est pas, à mon avis, un gréement digne d'un bateau de voyage. Si le coup de vent ne dure pas, le fait de choquer la GV et de partir 3/4 arrière du vent est la première chose à faire. Cela permet de réduire le génois. Si cela dure un peu plus, c'est autant de gagné. Ensuite, seulement j'envisage de monter au près avec le génois uniquement, sans dérives, et le bateau tient une allure qui ressemble à du près mais arrête d'accélérer. Là, je bataille pour prendre des ris en fonction du vent qu'il fait, bien souvent 2 d'un coup. J'ai dû prendre une fois le 3eme ris. C'est rassurant. En revanche, le génois très roulé se met à osciller sur son étai. Je n'ai pas trouvé cela très sain.
Donc, pas fort vent, la réduction est un vrai problème. Le gréement tire la gueule et le cata ressemble beaucoup moins à un bateau de voyage. Reste peut-être la solution déjà lue quelque part : arrêter les GV à rond de chute et passer à une GV triangulaire type mono. La moyenne ne s'en fera pas vraiment sentir, en tous cas ici. A envisager sérieusement pour un équipage réduit et plutôt impressionné par les difficultés d'un cata.

01 juil. 2011

Tous les catas peuvent chavirer, je l'ai fait et raconter le contraire est, à mon avis, irresponsable. Bien sûr, les conditions, l'équipage, comptent beaucoup.
Quand ca force vraiment, réduire tout de suite sans attendre la grand voile, sinon c'est pas facile car comme beaucoup l'on dit, si on loffe ca peut être casse gueule. Donc, avoir la GV bien réduite avant que ca commence. Le probleme du GSE, signalé plus haut, c'est qu'une fois très réduit, ca vous secoue un étai comme un vulgaire petit prunier (je parle de vent fort)et ca inquiète beaucoup pour la suite sur le grément. Donc, sans voile genre triquette, pas simple. Au risque de choquer, le moteur ca peut être utile.
Reste enfin le problème ingérable de ces monstres comme les Lagon 440 et suivant où la surface de fardage dépasse très largement celle d'un TMT. Ca peut être chaud.

01 juil. 2011

quel type de cata pour se chavirage , quel condition ?

02 juil. 2011

@ François : cela doit remonter à environ trente ans ta mésaventure, je m'en souviens encore comme si c'était hier, cela ne nous rajeunit pas !
Pour en revenir au pb de loffer ou abattre dans les surventes ....
En croisière, je donne comme instruction à mes équipiers d'abattre car c'est la solution qui ne fait courir aucun risque au bateau et cela permet au reste de l'équipage de sortir de sa léthargie et de venir donner un coup de main pour d'autres éventuelles manoeuvres...
Bien sur, quand on connait parfaitement les réactions du canot, lofer, surtout au près, est plus agréable, on gagne dans le vent, mais on passe par un moment délicat qui peut paniquer un barreur peu habitué aux réactions des catas...

Quelque part entre Sognefjord et Måløy, Norvège.

Phare du monde

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Quelque part entre Sognefjord et Måløy, Norvège.

2022