La tenue du plein
Je suis temporairement au Havre, immobilisé par une météo peu clémente et ce coefficient de 101 m'invite à me pencher (avec gilet gonflable, bien sûr) sur le phénomène de la tenue du plein et les fantaisie de certains sites d'information.
En ces lieux, par petit coefficient, la courbe du marégramme est sinusoïde comme ailleurs.
Mais par un gros coefficient comme aujourd'hui se produit le phénomène de tenue du plein.
L'heure de la BM était 7h11 et de la PM12h18.
En fait un niveau proche de celui de PM était atteint vers 10h30 et maintenu avec quelques ondulations jusque vers 13h.
A Honfleur, c'est environ de BM + 2h45 à PM +1 et à Deauville de BM +3 à PM +2.
Tout cela déduit des marégrammes de Marée Info, le site du SHOM. En revanche, le site Prévimer représente toujours de belles sinusoïdes régulières pour la même marée.
L'intérêt pour nous, les navigateurs de l'estuaire, est que nous pouvons en profiter pour enjamber les bancs de sable à la sortie du chenal de Rouen, qui sont théoriquement aux environs de la cote "0", mais dont la bathymétrie est incertaine depuis la réalisation de Port 2000 et la surélévation de la digue submersible nord du chenal de Rouen, dont les conséquences sont une accélération du courant devant Honfleur et une sédimentation différente à la sortie. Par exemple, le banc d'Amfard représenté sur les cartes de l'extrémité de la digje submersible jusqu'à la bouée No8 s'étend en fait jusqu'au nord de la No 6, soit un mille plus au large!
D'ou l'interet du reeds anglais que j'utilise pour calculer les hauteurs d'eau. Methode graphique avec une courbe correpondant à la zone dont la forme n'est pas toujours une sinusoide ce qui rend la méthode des douziemes inutilisable pour le calcul des hauteurs dans ces cas la.
Des phénomènes de tenue du plein existent un peu partout (mais pas n'importe où), d'où l'intérêt des marégrammes.
Les courbes de marées ne sont pas des "pures sinusoïdales"... il peut y avoir des épaulements dus à des ondes de marées décalées.
Néanmoins la méthode des douzièmes reste une approche assez juste pour qui n'a pas le logiciel de calcul à portée de main.
dans les îles de la Frise il y a la même chose mais m mer commence à descendre puis remonte.
Selon les ndroits elle monte plus haut au premier haut ou bien au deuxième.
Merci à la météo!! Cela m'a permis de découvrir la question. Je ne savais pas que l'on trouvait ce phénomène sur nos côtes. Je consulte marée info assez régulièrement et je n'avais vu que des sinusoïdes assez régulières... Les petits bonheurs des jours de pluie
C'est encore plus compliqué dans le Solent avec le même phénomène.
Dans notre coin, c'est sensible agalement à Dives et dans la baie des Veys.
un site qui traite de la question
www.cosmovisions.com[...]ees.htm
C'est vrai que dans certains coins ( baie de Bristol ) on est loin de la sinusoïde.
Thierry
la tenue du plein de 2H au moins, c'est ce qui a intéressé particulièrement les créateurs du "Havre de Grâce" en 1500 et qques, roi François 1er
C'est pour ça que les anglais, lors des cours du Yacht Master, ne se servent jamais de la règle des douzièmes et utilisent la méthode graphique, appelée aussi "le crocodile".
Je crois que l'on mélange ici deux choses: les courbes de maree, et la tenue du plein.
Les premières sont des courbes 'théoriques' qui viennent de somme de sinusoïdes venant elles mêmes de la propagation de l'onde marée. Cette onde se réfléchie sur les côtes, le relief marin, etc pour finalement donner dans un endroit précis une courbe qui n'est pas forcement sinusoïdale. Il y a des formes assez exotique, et ça vaut le coup de se pencher dessus.
Le second phénomène est lié à la meteo. Si le vent souffle de mer, la courbe de la maree va marquer un 'plat' en partie haute, puisque 'ca pousse' et que la mer ne va pas descendre comme prévu. Le phénomène inverse existe aussi avec la marée basse par vent de terre et haute pression par exemple.
Le marégramme "standard", si j'ose dire est sensiblement une courbe sinusoïdale et la règle des douzièmes donne une approximation suffisante, d'autant plus que l'on prend par sécurité un pied de pilote dont la pointure croit avec l'âge du capitaine.
A cela viennent s'ajouter des corrections comme indiqué par Herver, selon que le vent souffle de ou vers la côte et de sa force.
En plus,il ne faut pas oublier la pression barométrique qui cause une surcote par faible pression et de sous cote par forte pression.
Enfin dernière correction pour adapter la pointure du pied de pilote qui est celle relative à la houle dont il faut tenir compte si on ne veut pas risquer de talonner dans les creux!
Toutes ces corrections assez approximatives montrent qu'il ne faut pas chercher à connaître la hauteur d'eau au centimètre près.
Bravo pour ce fil intéressant !
Une des raisons de ce plein ne viendrait pas des marées venant du nord et du sud de la Manche ?
La tenue du plein est liées à la réflexion de l’onde de marée dans l’estuaire de la Seine. En revanche, il existe bien un point cotidal entre l’Angleterre et les Pays-Bas, à peu près à la latitude d’Amsterdam.