Gestion du sommeil en solitaire

Voici quelques remarques glanées dans des interviews post-course.

Yann Eliès
Quel a été le plus dur à gérer pour vous sur cette Route du Rhum ?

Le sommeil. Arriver à dormir en déconnectant le cerveau. En se disant «bon là il ne devrait rien se passer. Je suis bien réglé, j'ai regardé devant, il n‘y a pas de grain. Allez, je me fais vingt minutes, je m'endors !» J'ai seulement réussi à dormir à la fin du 3e jour.

J’ai rarement aussi peu dormi en une semaine. Je ne pense pas avoir dormi d’un vrai sommeil. J’ai fait des petits comas de 30 à 45 minutes. Il y avait du rythme, on se tirait la bourre. Arrivé à Madère, je n’avais pas encore trouvé le sommeil, ça me stressait. J’étais trop pris par le truc, impossible de dormir. Là, je suis prêt à tomber… »

Loïc Peyron
Q: Combien de temps de sommeil en cumul pensez-vous avoir eu ?
R: Bonne question. Je dirais... Je ne sais pas, maximum une douzaine d'heures sur sept jours, par tranches de quarante minutes. Pas beaucoup, mais suffisamment.

Q Appréhendez vous la gestion du sommeil ?
R La course en solitaire, ce n’est que ça : savoir s’endormir, savoir se réveiller. C’est comme n’importe quel appareil électronique : on se demande quand est ce qu’on va pouvoir recharger la batterie ... La problématique du sommeil, c’est aussi un grand sentiment de culpabilité. On met souvent plusieurs minutes à s’endormir car l’environnement est hostile et on perd encore plus de temps.


Je me retrouve bien dans ces remarques, même si je suis à des années-lumière de leurs performances
- Difficile de s'endormir le premier et même quelque fois le deuxième jour...
- Le stress qui fait que l'on n'arrive pas à trouver le sommeil (mouvements et bruit du bateau quand la mer est un peu forte, peur de la collision même avec les alarmes)
- une durée de sommeil de 30 à 45 minutes, et non pas 15 - 20 comme il est souvent préconisé...
- On peut tenir avec environ 2 h de sommeil par jour pendant une semaine

Il reste le problème de l'endormissement instantané et sans préavis en fin de nuit, quelle que soit la position (dans le cockpit, à la table à cartes...)

Cela me rassure un peu et je me sens moins seul ;-)

L'équipage
12 nov. 2014
12 nov. 201412 nov. 2014

"Je ne sais pas, maximum une douzaine d'heures sur sept jours."
Je n'y crois pas.
La question reste très intéressante.
Est ce que je reste avec mon rythme horaire du départ et fais fi du décalage horaire sur une période qui reste petite?
Organisation qui reste totalement aléatoire en début de course par rapport à la météo, à l'effort du départ et de casser le moral des petits copains.
Mais il me semble que par la suite, sur le boulevard,tous les petits matins (entre 5h et 7h heure française) son bateau marchait moins vite, mais ce n'est que supputation.

12 nov. 2014

Supputation intéressante...
Comme beaucoup je pense, le sommeil me vient plus facilement à l'aube. Mais je ne sais pas si c'est parce que j'ai passé une nuit blanche, ou si le retour de la lumière joue un rôle. Pour dormir dans la journée (ce que j'essaie de faire systématiquement pour pouvoir veiller toute la nuit), je profite de la 'sieste' juste après un repas. Mais la fin de l'après-midi semble aussi un moment propice.

Dans un autre contexte, j'ai été amené à dormir en moyenne 1h1/2 par jour pendant sept jours.
au début, j'avais tendance a me poser dans un fauteuil confortable ou sur une banquette tout habillé.
ce qui accomplit des miracles, surtout si on a pas de temps fixes, c'est de prendre une douche et se glisser propre dans des draps frais. On a gaspillé 15 minutes de sommeil, mais les 45 minutes qui restent comptent triple.
Bien sur, douche et draps propres sont pas faciles sur un bateau de course.

12 nov. 201412 nov. 2014

Je pense que 2 h par jour (en 3 épisodes de 40' dans mon cas) est le minimum absolu.
PS La douche glacé dans le mauvais temps me stresse plutôt ;-)

12 nov. 2014

Lionel Lemonchois

"surtout j'ai enfin pu dormir correctement, je me sens reposé, en forme, avec un bateau qui tient la route avec des vitesses correctes. Les trois premières nuits, je n'ai pas l'impression d'avoir dormi, je fermais les yeux sans trouver le sommeil, ça devenait stressant, les choses sont plus faciles maintenant."

12 nov. 2014

J'ai fait pas mal de solitaires (max 6/7 jours) et je crois bien que je devais dormir en moyenne 4h/jour, mais tellement divisés qu'en fin de compte j'avais l'impression de passer mon temps allongé. C'était suffisant pour arriver reposé, sauf cas de pétole (le pire) ou de portant un peu fort, n'ayant pas de pilote performant á l'époque. Curieusement je rêvais beaucoup et souvent la même chose: j'étais au milieu d'une foule et les gens me repoussaient violemment de l'un á l'autre malgré mes protestations; c'était dut bien sûr aux mouvements du bateau quand ça tapait au près, car c'est á cette allure que le pilote me permettait d'aller dormir.
Passé plusieurs jours je ne crois pas qu'on puisse dormir moins que ça. (C'est ce qui doit faire que le Figaro est parait-il terrible car les étapes ne sont pas très longues et certains doivent pousser la privation de sommeil très très loin.)
Mais dormir sur ces bestiaux á plus de 25nds je n'imagine même pas...

12 nov. 2014

Pour un meilleur endormissement, le corps doit se refroidir.
L'aube est une période où la température ambiante descend quelque soit la latitude.
Est-ce pour cela qu'il est plus facile (moins dur) de trouver le sommeil à cette période de la journée?
La douche avant d'aller se coucher est une bonne solution à condition qu'elle soit froide-fraîche. A contrario, pour se réveiller, douche bien chaude, activité physique soutenue ou monter le chauffage qui entraînent le réchauffement du corps et l'éveil.

12 nov. 2014

je m'étais un peu renseigné, il y a ce document dans le pole course finistère,

www.polefinistere.com[...]ORD.pdf

puis aussi pas mal de travaux de Claudio Stampi (chronobiologiste qui suit pas mal de sportifs de haut niveau), enfin pas ses écrits directement car c'est trop "médical", des explicatins pratiques.
Perso, les 15-20 minutes c'est bon pendant deux trois jours, au délà il me faut trois périodes d'environ 1h15 (mesurées ex-post), comme plein d'autres le matin juste avant le lever du soleil, début après midi après déjeuner, autour du coucher de soleil; avec cela je tiens sans aucun problème autant que je veux, quand je suis arrivé au port aux Azores j'ai fait une nuit tout à fait normale de 6 heures.
Ce qui est pratique est qu'on arrive un peu à dormir "à commande" et parfois récuperer genre 15 minutes par ici par là, même si ce n'est pas de vrai sommeil juste fermer les yeux compte aussi.
Chose tout aussi importante, quand on arrive en côtier dans l'approche finale -qui peut être longue selon conformation de la côte- il est hors de question au moins pour moi de dormir pendant une heure et demie, et là alors le passage du rythme "large" avec les trois morceaux de 1h-1h30 au rythme "côte" avec les 15-20 minutes se fait très bien, tout en douceur comme si c'était le premier jour.
Sinon s'il me faut "tirer" sans dormir, la seule façon que j'ai trouvé pour moi est de m'obliger à rester debout, sans rien toucher, sans poser la main sur le bancs, etc etc; on comprend bien Yves Montand à Prague :doc:
Mais bien sûr il s'agit de croisière sur mon camion, où la contrainte à 99% est l'anticollision (et 1% ne pas trop souffrir :alavotre: )

12 nov. 201412 nov. 2014

Merci Roberto. Je connais cet excellent document. Mais ce qui m'a intéressé dans ces interviews, c'est la réalité décrite par des professionnels. J'ai noté par exemple l'adrénaline de la ou des deux premières nuits, et surtout des références à 30 - 45 minutes, pas les 15-20 minutes souvent mentionnées, Perso, je n'y arrive pas: minimum 30', à partir de la deuxième nuit seulement.
Pour les horaires, ton expérience rejoint la mienne...
PS
Comment, tu ne te lèves pas pour prendre la météo ??? :acheval:

12 nov. 2014

bonjour François, (long time no speak comme on dit, belles navigations cet été ?)

effectivement dans le document ils disent "les navigateurs sous estiment fortement leur temps de sommeil effectif"; si on regarde par exemple les figaristes, là oui j'ai tendance à croire au 10-15minutes avec total de 1-2 heures par jour, on voit dans quelles conditions ils sont quand ils arrivent... sur des courses plus longues à mon très humble avis ça ne tient pas. Après il peut toujours avoir les sur-hommes, mais privation prolongée du sommeil "long", cliniquement on lit allucinations, perte des repères de l'espace autour de soi, etc etc, je pense qu'il faille une motivation (inconscience?) très très forte pour aller tester ces zones là seul et en mer.

Merci pour le fil, toujours des sujets intéressants -:)
r

07 déc. 2017

Des médecins militaires américains ont fait ce test avec des fantassins d'élite (Rangers américains), ils en ont conclu qu'en deça de 4 h de sommeil par nuit (en moyenne), ils commençaient à faire de sérieuses erreurs d'orientation.
De même, dans les centres d'entraînement commando français, la moyenne est de 4 heures de sommeil par jour.

12 nov. 2014

au large, hors de routes de cargos, je n'ai aucun problème pour dormir, il m'est arrivé de faire des nuits de 8h!
Prés des côtes, je dors par petits bouts, selon la fréquentation, et je peux même prendre du sommeil d'avance.
Veille par AIS et Radar, mais il m'est arrivé de REVER que l'alarme sonnait, alors qu'elle était bien réelle... :lavache:

12 nov. 201412 nov. 2014

Je me trouvé en route de collision de face avec un petit pétrolier en route (depuis la Galice ?) vers les Açores vers 3 h du matin au milieu de nulle part. Je l'ai revu de jour arrivant sur mon arrière 2 ou 3 jours après. J'étais content de m'être forcé à veiller de nuit, et de dormir le jour.

12 nov. 2014

Veille par Transpondeur AIS sur les grands fonds, plus radar sur plateau continental.
Sur les grands fonds, dès que la nuit tombe, je vais me coucher. Je me réveille quatre heures plus tard par l'envie de pisser. Tour de veille et redodo pour les quatre heures suivantes. En général, huit heures de sommeil par 24 heures suffisent. Mais, dans la journée quand il n'y a rien à faire, je retourne m'allonger pour bouquiner.
Sur plateau continental, je dors par petits bouts (1h). Je veille parfois durant 48 heures d’affilée, tout en me reposant un maximum ou avec de micros sommeils.
Sur les grands fonds depuis les Açores jusque avant Ouessant, je n'ai vu que trois cargos. Deux ont fait sonner mon alarme AIS dans un rayon de -de 2 milles, le troisième était trop loin.
J'ai remarqué qu'avec le transpondeur AIS les cargos se détournaient longtemps à l'avance pour passer à plus d'un mille, y compris dans les rails.

12 nov. 2014

Meme sans transpondeur AIS, ils se deroutent...

12 nov. 2014

Hello,

Je n'ai qu'une expérience très limitée de la nav en solitaire (deux nuits d'affilé max ) mais ce qui m'epate moi, c'est qu'ils fassent des périodes de 45 min d'affilé avec au total si peux de someil.

Moi je dors par tranche de 10 à 15min, grand max, mais plus souvent ce qui au final, en cumulant représente un bon someil.

Certes, je ne navigue pas aussi loin qu'eux, en med les traversées sont courtes, mais les vitesses ne sont pas les mêmes non plus!
Déjà a cinq ou six noeuds c'est stressant de dormir trop longtemps, alors a 25 ou 30 noeuds, même dans un coin désert... :lavache: :non:

Bon, y'a pas de comparaisons bien sur entre du semi-hauturier en croisière et une transat en course ...

13 nov. 2014

Bha moi c'est un truc ou je n'ai aucune expérience et il faudra bien que je m'y mettent un jour si je veux faire la route du rhum :x

Plus sérieusement je suis assez intéressé par votre expérience. Je n'ai jamais fais de longue étape en solo (+24h). Ma crainte étant évidement la collision, car en semi hauturier quand je vois le nombre de fois ou on est obligé de manœuvrer le risque n'est pas nul. ou encore la côte si je ne me réveil pas. Je tenterais bien mais j'ai une certaine appréhension, la peur de me mettre dans le rouge.
J'ai besoin de peu de sommeil, en semaine je dors environ 5h. Mon expérience des quarts fait que je connais plutôt bien mes portes de sommeil. je sais que en équipage 3 cycle de 1h30 par 24h quand c'est un peu chaud ça le fais bien sur 2 ou 3 jours même si en général j'arrive a dormir plus en équipage.

Vous avez débuter comment ? en faux solitaire ? en hauturier ? en côtier ?

13 nov. 2014

@ Alexthecoolman,

Ça fait longtemps que sort en solo à la journee, sur tous mes bateaux.
Ça faisait longtemps que j'avais envie de plus en solo.
Ça fait pas longtemps que je fais de petites traversées ( une nuit, puis deux en mer).
Je pense que si tu te sens bien en solo dans la journée, il n'y aura pas de soucis pour une première nuit. Il faut amha se tester progressivement. ( une nuit, puis deux, puis plus)

J'avais raconté ici ma première petite traversée en solo. www.hisse-et-oh.com[...]en-solo

L'ete dernier j'ai passé deux nuits pour ralier Toulon a Bastia ( ~ 190mn, parti en soirée, le samedi, arrivée le matin du lundi.) c'était un peu plus fatiguant car en partant le soir j'ai eu plus de mal a trouver mon rythme, mais c'était super,je pense au si j'arrive a garder un rythme régulier pour le soleil, je pourrais rallonger facilement les étapes ( mais eu l'occasion d'essayer encore)

Je gère le someil au pif comme ça m'est venu ( et comme dans mon imaginaire), c'est a dire par petite tranche de 10 a 15 min max et ça me conviens mais sans doute que chacun a un rythme différent.

Ce qui est sur c'est que à peine arrivé, je pense a la prochaine fois en solo, ça me plait...

Si tu est tenté , il faut essayer en restant prudent ( traversée courte au début, y'a pas grand risque amha)

La nav en solo c'est super!

13 nov. 2014

Et en plus, tu vas peut-être découvrir des ressources surprenantes : sortie solo cet été, je pars après le boulot dans l'après-midi, première nuit en mer avec un gros sommeil de 2 heures (plus de vent, 30 milles au large, voiles affalées, un lac !), journée du lendemain impec avec 2 repos de 10/15 minutes, 17 heures moment de faire demi-tour, je branche le pilote pour aller me poser un peu et là, il me lâche ! Saleté !!! 20/25 noeuds de vent dans la nuit, coincé à la barre et arrivée à 8 heures le surlendemain matin (après un surf au petit matin à 13,2, comme quoi il y avait de la mer et ... du vent !). Donc, de jeudi matin à samedi matin, 2 heures de vrai sommeil et 2 pauses. C'est possible ! Et en arrivant, tout excité de ma nav, j'ai encore trainé sur le bateau à le bichonner...

Là où j'ai été épaté par le gars Peyron, c'est quand il dit que dans les 48 premières heures, il ne s'est pas couché... Parti dimanche midi, ça le laisse opérationnel jusqu'au mardi midi ! Et pas sur un navire de croisière en plus ! Je le crois sans problème, pas le genre à raconter trop de crac (après les courses !), mais il a fallu que je me force un peu... :bravo:

13 nov. 2014

J'ai entendu dire que des coureurs du Figaro juraient ne pas avoir dormi alors que les électrodes qu'on leur avait posées montraient le contraire.

Après une nuit en mer sans dormir (régate sur un bateau qui n'avait d'habitable que le nom) je me suis rendu compte en barrant le matin que ce n'était pas la bouée que je visais qui se déplaçait mais moi qui dormais les yeux ouverts, assise bien droite sans appui. Je n'étais pas seule heureusement - si je n'avais pas pris conscience de mon état les autres auraient sauvé le bateau...

Quand je voyageais en train-couchettes à l'âge de 20 ans j'arrivais avec l'impression d'avoir peu dormi mais quand je réfléchissais je réalisais que je ne me souvenais pas des arrêts après une heure de trajet.

Prudence donc - la perte de vigilance est une cause significative d'accidents de la route et s'il y avait autant de trafic en mer ce serait sans doute pareil.

16 nov. 2014

Ce n'est pas parce qu'on n'a pas pris garde à quelque chose qu'on était en sommeil.

Il est fréquent sur la route, de ne pas se rendre compte des endroits par lesquels on passe, plongé dans des pensées ou à l'inverse, la tête vide de toute pensée, alors qu'on conduit en toute sécurité pendant plusieurs dizaines/centaines de km

16 nov. 2014

Ce que j'ai décrit plus haut n'a rien à voir avec de l'endormissement

16 nov. 2014

J'ai redressé le volant d'une voiture dont le conducteur s'endormait avant qu'elle traverse la route. Il a nié farouchement s'être endormi...

Tenir une nuit blanche c'est quand même facile(pour certain), le rythme de 20 mn de sommeil aussi(pour 10js), après pour les gars de la route du Rhum se pose la question de consommation de produit facilitant la chose?

15 nov. 2014

en nav', aucune idée de comment se pose la question de la limite du sommeil, mais dans ma vie courante, j'ai déjà largement expérimenté le sommeil en dessous des limites soit disant admissible, sans autres drogues que le café du matin et un très fort abus de tabac…
ben tu tiens plusieurs mois à dormir par semaine ce que tu est censé dormir dans une nuit…

puis ça fini en burn-out… ;-)

16 nov. 2014

Gestion du sommeil ? Ben ça dépend...
Deux expériences contradictoires en ce qui me concerne:
en Méditerranée, les traversées sont courtes (2/3 nuits maxi), on est vite près des côtes et il y a du trafic, alors j'ai mal dormi, par petits bouts et avec du stress. Mais il y a toujours un moment où l'on peut dormir ne serait-ce qu'une heure ou deux.
Dans le Pacifique, j'ai rallié Tahiti à Fidji en solo en 23 jours, et donc 22 nuits. Alors là c'est le grand pied: deux bateaux croisés (enfin je suppose !!) et de bonnes nuits de 6 ou 8 heures selon le vent. Comme à la maison je me réveille vers 2 ou 3 h du mat pour boire, pisser et j'en profite pour controler les réglages ou le moteur avant de me rendormir. Pas de radar, pas d'AIS mais le détecteur Mer-veille. En conservant son capital sommeil on évite l'endormissement "coup de massue", ce sommeil abrutissant qui vous déconnecte complètement du bateau. Sinon, un grain fait assez de boucan pour se réveiller tout comme les voiles qui se mettent à faseyer, alors pourquoi veiller quand il n'y a rien à faire ni à voir?
J'avoue toutefois avoir fait 6 milles à reculons sur la route avant de me réveiller mais c'est de la faute du régulateur d'allure. D'ailleurs je l'ai engueulé !!!
Les pires risques de collisions je les ai eus avec des équipiers qui papotaient pendant leur quart.
En solo on fait ce qu'on peut, mais c'est mieux à deux !

Romain45 en dormant 6/8 hs, tu fais bien de préciser que tu n'as 'vu' que 2 bateaux. Dans le Pacifique bien vide, moi aussi je m'amusais à faire mes nuits et puis une nuit tu sors la tête, tu vois des feux, tu mets le radar et tu t'aperçois que le gus passe devant toi à 1.5 M, après tu dors plus pareil...

16 nov. 2014

"tu dors pas pareil", certes, mais tu dors quand même !
C'est bien l'objet de mon intervention: ceux qui prétendent qu'ils dorment 2 ou 3 heures par jour pendant 2 ou 3 semaines sont, ou bien des athlètes surentrainés et sur vitaminés comme les coureurs, soit des menteurs qui oublient qu'ils ont fait trois "sommes" de deux heures dans la journée. Mais en quoi les risques de collision ou de mauvaises rencontres seraient ils moindres le jour ? C'est psychologique: la nuit inquiète et l'idée du bateau qui fonce tout seul dans le noir est plus angoissante alors que le risque est à peu près le même que de jour.
Je préfère dormir la nuit lorsque c'est possible et rester efficient que de veiller dans le potage pour me donner bonne conscience.
Je sens que je vais me faire traiter de chauffard !
De toutes façons le solitaire c'est bien trop dangereux; on est obligé de faire confiance aux autres bateaux qui on l'espère seront plus attentifs qu'on ne peut l'être.

Ben non, tu assures une veille différente.

16 nov. 2014

Les Anglais sont très réalistes, et sans arguties fantaisistes : mon assurance anglaise m'impose dans les conditions particulières (zone Europe) d'être au minimum à deux en nav de nuit, et même trois pour la traversée du Golfe de Gascogne ; c'est une assurance pas chère, mais qui a ses conditions...

De toute façon, même les assurances qui ne mentionnent aucune restriction, en cas de sinistre, d'en remettront au RIPAM pour refuser toute indemnisation : la fameuse clause de la "veille attentive et continue" .

16 nov. 2014

"Mais en quoi les risques de collision ou de mauvaises rencontres seraient ils moindres le jour ?"
Parce que même un veilleur peu attentif sur la passerelle d'un cargo a plus de chance de détecter une coque claire et une voile claire sur l'eau de jour que de nuit

16 nov. 2014

Très discutable: dès qu'il y a deux ou trois mètres de houle ce qui est l'ordinaire au large les feux de mat sont surement plus visibles que les petites coques basses sur l'eau de nos voiliers. Il faudrait l'avis d'un veilleur sur cargo, à supposer qu'il y en ait...

16 nov. 2014

Il n'y a pas que la hauteur de la coque. La passerelle d'un porte-conteneurs (par exemple) est à 30 -40 m au dessus de l'eau. Mon mât (donc le sommet de mes voiles) fait 14 m au dessus de l'eau. Un feu rouge ou vert FIXE n'attire guère l'attention.

17 nov. 2014

Il y a eu, sur le site, l'avis d'un capitaine de cargo disant qu'il ne voyait rien dans le mille devant lui.
Et pas grand chose avant pour peu qu'il y ait du mauvais temps ou de la houle.
Il précisait que la veille était plus attentive selon les conditions météo.
Mais il faisait de la voile, lui.

Il me semble que c'était à propos des feux sur le mât.
Mais il y a belle lurette et j'ai la flemme de chercher... :jelaferme:

16 nov. 2014

Les "vitamines" (RedBu... et Cie) ont largement envahi les activités de montagne.
Je pense qu'il en est de même sur les sports de voile.

16 nov. 201416 nov. 2014

C'est aussi la question que je me pose toujours à propos du Figaro ou du Tour de France: quel labo a gagné ?
(ce qui n'enlève pas grand chose aux mérites des coureurs, mais recarde la question du sommeil en mer).

16 nov. 2014

Merci du lien. Mais vu les intérêts en jeu, je suis aussi sceptique concernant ces contôles que ceux concernant le cyclisme.
A partir du moment où les organisateurs se moquent des règlements internationaux (veille active, etc..), je doute qu'on puis leur faire confiance vis à vis du dopage.

16 nov. 2014

"« La course au large est le seul sport où vous êtes en compétition pendant que vous dormez », explique Jean-Yves Chauve, le médecin officiel de la course depuis 1986. « Sincèrement, je ne serai pas étonné que certains aient déjà essayé. Mais, en utilisant ces stimulants, les concurrents risquent de déstructurer leur sommeil et devenir complètement dépendant de la chimie. Je pense qu’à court terme cela pourrait les aider. En revanche, sur le long terme les conséquences seraient catastrophiques. » Le docteur reste, ainsi, très serein : « On fait régulièrement des contrôles anti-dopage, il y en a eu à l’arrivée de la Route du Rhum. Ces dix dernières années, par exemple, il n’y a jamais eu le moindre contrôle positif. Je ne suis pas inquiet », conclut-il."
wolfstyn.wordpress.com[...]-labri/

16 nov. 2014

Avec un matériel fiable et éprouvé AIS + Radar, en programmant correctement les alarmes (y compris l'écart de route sur le traceur), on peut dormir par tranche de 15 mn la nuit et dans la journée si on a besoin de récupérer, cela hors zone de pêche et hors zone côtière ou rail de trafic.
Bien sur, je mets une alarme pour ne pas dépasser 15 minutes de sommeil.
C'est à mon avis sans risque pour deux à trois nuits en solo en privilégiant des conditions météo pépères.

16 nov. 2014

J'ai beaucoup navigué en solo la nuit.
En Méditerranée où le trafic est dense, suivant la visibilité, je "dormais " par tranches de 15 à 20 minutes.
Ce qui était très remarquable, c'est qu'au début de cette gymnastique, après mon tour d'horizon, il me fallait 10 à 15' pour sombrer. Mais le temps d'attente diminuait très vite ensuite car au quatrième ou cinquième tour d'horizon, une minute après m'être allongé, je dormais.
Sur un retour d'Athènes à ce régime et malgré quelques haltes réparatrices, il m'a fallu 2 semaines pour retrouver à terre un sommeil normal dénué de cauchemars et d'agitations.
En grande traversée, c'est le cycle complet de 2 h environ qui dominait.

Maintenant aux Antilles, je ne n'avigue qu'une nuit d'affilée et ne dors jamais sauf quelques courts assoupissements assis dans le cockpit.

16 nov. 2014

Cerigo, j'ai une explication à ton endormissement de plus en plus rapide: tu as fini par comprendre que cette veille anxieuse ne servait à rien, d'où relaxation.
Après 22 nuits en mer il ne m'a fallu que deux jours d'arrêt pour repartir cool vers d'autres horizons. Chacun sa méthode, et bonne veille !
Cordialement

En tout cas je crois au principe qu'il faut mieux voir les autres qu'être vu par les autres.
Y a t-il eu des accidents/collisions voilier/voilier?

16 nov. 2014

pourquoi pas la cape courante pour se reposer?

16 nov. 2014

Ça empêche les collisions :lavache: :lavache: :lavache: ?
Ôte-moi d'un doute !

16 nov. 2014

La cape est utile seulement en approche de terre, pour attendre une marée favorable, ou le jour. Ca n'a aucun intérêt en traversée. Etre immobile sur l'eau n'empèche pas une collision avec un autre navire qui lui se déplace. Et puis, un cargo qui se déplace autour de 20 nds, qu'on fasse 0,5 nd ou 6nds, c'est pareil pour lui.

16 nov. 2014

C'est une évidence, mais visiblement pas pour tout le monde ! :topla:

17 nov. 201417 nov. 2014

Ben non pas seulement à l'approche de terre, il m'est arrivé de me mettre à la cape pour dormir, à des milliers de miles de terre, parce que le pilote était en panne, et aussi, me mettre à la cape pour me reposer tranquille dans des zones truffées d'objets dérivants (genre troncs d'arbre), pour diminuer ma vitesse relative et éviter les collisions. Valable aussi pour la navigation dans les glaces. Ou alors par début de gros temps, pour reposer l'équipage...

17 nov. 2014

pour ce qui est de l'assurance, la mienne m'a confirmé par écrit qu'ils couvrent le solo sans limitation ni de temps ni de distance

17 nov. 2014

Et le nom de cette assurance ?
:tesur:

17 nov. 2014

Soyons clair : c'est la compagnie d'assurance qui l'a écrit, ou c'est un agent ou courtier ?

de toute façon la règle de la veille peu très bien s'appliquer à solitaire(je tiens 10 js par tranche de sommeil de 15 mn), puis-ce que le temps de sommeil est le temps qui s'écoule entre le moment ou un bateau devient visible et ou il est sur toi. Moins tu vas vite plus le temps de sommeil est long, donc la cape est un bon moyen de dormir mais pas d'avancer.

17 nov. 2014

La plupart du temps, ce n'est pas la vitesse du voilier qui importe, mais la vitesse du navire adverse, qui est souvent plusieurs fois la vitesse du voilier

17 nov. 2014

Faut pas négliger le facteur course. Je me souviens que J.M. Arthaud me disait que ce qu'il était capable de faire en course (sur le fait de ne pas dormir) il n'arrivait pas à le faire à l'entrainement, et encore moins en croisière ou convoyage.

17 nov. 2014

Le Modafinil pourrait sembler particulièrement approprié sur des courtes durée, molécule testée ,validée, et utilisée dans de nombreuses armées dont la notre dans des opérations, un comprimé toutes les huit heures et hop en pleine forme, pas trop longtemps toutefois : 48 à 72 heures ce n'est ni des vitamines ni des amphétamines ou autre excitants.

17 nov. 201417 nov. 2014

Ah! On ne tourne plus autour du pot (de médoc) ! Enfin du concret !
Bon, cela a l'air très efficace, mais pas sans dangers :
www.lemonde.fr[...]24.html

17 nov. 2014

Armel Tripon
"12 jours en continu avec un bateau physiquement très dur, je n'étais pas forcément prêt à ça. Je m'en suis bien bien sorti, mais nerveusement c'était dur. Je n'ai pas trouvé le sommeil, ça m'a usé. "

17 nov. 2014

J'imagine que prendre du Modafinil les 3 ou 4 premiers jours de course (Rhum ou autre solo) pour sortir des zones compliquées (Ouessant - Cap Finistère) échappe à tout contrôle anti-dopage à l'arrivée. Ainsi, le tour est joué et tout est "propre".
Perso, je n'en fait pas une question de morale, chacun fait comme il veut (tant que ce n'est pas illégal et qu'il ne nuit pas à autrui), mais arrêtons l'hypocrisie !

Modafinil, bien noté.

17 nov. 2014

Attention pas sur de pouvoir la (molécule) trouver chez son pharmacien de quartier très facilement ni d'aller voir ton copain généraliste voisin de ponton : "Prescription initiale annuelle réservée aux spécialistes et/ou aux services spécialisés en neurologie et aux médecins exerçant dans les centres du sommeil", et c'est un TTT qui doit être évalué et testé avant une utilisation opérationnelle.
Il existe aussi la caféine Lp (libération prolongée ) pour un usage plus modéré et restreint : attention aux arnaques sur le net.

17 nov. 2014

Il y a plusieurs années, j'en avais en ma possession sur le bateau.
Je ne l'avais pas utilisé car ses effets adverses me semblaient trop importants pour ses bénéfices. A cette époque, seuls les hôpitaux pouvaient le délivrer.

17 nov. 2014

Si c'est comme les amphés il y a une détérioration de la capacité de jugement, d'où gros risque vu les circonstances.
Par exemple un effet "maître du monde" qui peut amener à faire des conneries dramatiques.

18 nov. 201418 nov. 2014

Honnêtement je ne connais pas les effets de ces substances, mais du pdv rationnel si je devais entreprendre une azctivité pour laquelle il faut prendre des cachets pour pouvoir "assurer", que ce soit même seulement repousser un peu les limites du sommeil, cela irait au delà du niveau de risque que je considère rationnellement acceptable, donc j'y renoncerais.
Simple opinion personnelle, sans jugement aucun :alavotre:

18 nov. 2014

Comment vous réveillez-vous ???
Sur une traversée Cap Vert -Rio , je m'étais "habitué"à la sonnerie du minuteur.
Faut-il plusieurs minuteurs ou alarme en parallèle ?

18 nov. 2014

Au début j'utilisais un minuteur de cuisine mécanique, jusqu'au jour ou il ne m'a pas réveillé parce que l'intérieur était oxydé! Depuis j'utilise le minuteur intégré au détecteur de Radar Merveille.

18 nov. 2014

Un buzzer sur l'alarme radar, un autre sur l'alarme AIS. Ils sont très puissants: impossible de ne pas se réveiller. D'autant plus qu'il faut aller les arrèter. Ce qui n'est pas le cas d'une minuterie, qui s'éteint après 30 secondes.

Phare du monde

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2022