Et des niouses de Baluchon ?
Bon on parle beaucoup des coureurs mais le barbu tenace il est où sur l'eau ?
L'équipage peut déplacer ou supprimer le post si meilleur endroit ,merci
Suite ici www.hisse-et-oh.com[...]aluchon
Suffit de suivre son face book
Reçu un gentil message ce matin : toujours en escale en Nouvelle Calédonie à attendre la fin de la saison cyclonique en Avril, pour repartir.
S'est équipé pour continuer dans de meilleures conditions : une nouvelle voile, un Ais, un déssalinisateur manuel et "plein de petites bricoles qui vont me faire ressembler un peu plus à un vrai bateau de voyage"
En prévision un vrai antifouling
et 7000 milles d'une seule traite
Signé : Baluchon, le petit bateau rigolo autour du monde
Des canotes sont tombés en etant au sec.
Pire aux mouillages.
Les petits voiliers tiennent bien le coup en cas de cyclone .
Good luke
Je suis parti 1 fois en Australie = cyclone
Je suis parti 1 fois en NZ = cyclone
Comme disait ma compagne : tu le suis , t'es sûr de t en gauffrer 1 voire 2 . Stay away...
Yann a remis Baluchon à l'eau. j'ai appelé pour lui demander s'il ne voulait pas passer ce cyclone derrière des murs en béton, il va occuper le chalet à 10 mètres de son bateau. je ne trouve pas ça confortable, mais c'est son choix et il n'est pas dans son bateau, c'est le principal.
n'empêche qu'il est exposé à l'ouest, là, donc pas terrible à mes yeux.
Vendredi prochain -sauf météo défavorable - Yann part pour La Réunion.
Tout est quasiment prêt. je suis passée le voir ce soir, il mettait au point une tablette de secours avec carto au cas où le principal venait à lâcher
il m'a dit que la marina ne lui faisait rien payer pour son séjour, ce qui est un geste appréciable.
Lors de sa dernière causerie au musée maritime, les organisateurs avaient mis discrètement une petite collecte en place, c'est donc même pourvu de liquidités qu'il peut partir vers l'Indien!
durant son séjour il a même eu l'occasion de voguer sur Merci, l'IMOCA est à Nouméa.
l'escale prolongée à Nouméa n'aura pas été désagréable, du moins j'en ai l'impression.
parti! ce matin, neuf heures.
10 mètres à la godille, puis voile et bye, Baluchon!
une dame avait préparé de quoi manger, désolée de ne pouvoir en faire plus : Yann a refusé plein de choses, notamment de l'argent pour la suite : un ascète! vingt ou 30 connaissances étaient là pour le suivre.
la Marine avait envoyé sa musique à terre (4 marins en uniforme blanc) et a accompagné les premiers milles.
quelques bateaux ont fait la sortie avec lui, un temps breton au rendez-vous : couvert, limite pluvieux.
fair winds, Yann!
Hello,
Excellent l'article de Voiles et Voiliers ,merci pour le lien.
60 jours de bouffe pour 70/80 jours de voyage, même s'il va pêcher, faut avoir les c... de partir !
Et c'est pareil avec l'eau...
Vannina l'article est réservé aux abonnés, dommage,mais c'est super cool de nous tenir au courant.
Je trouve son bateau très bien pensé malgré sa petite taille, nous verrons bien la suite avant de dire que c'est une connerie non ?
Avec tout ça j'espère qu'il "sent" qu'on le soutient !
L'avantage pour lui c'est qu'il a construit son bateau, donc il a la confiance et sait qu'il est solide.
Enfin moi je le ferai pas c'est sûr...
Quand je vois à quel point je paranoye sur mon bateau en pensant aux futurs essais ...et il fait le triple en longueur du sien...
Un mec comme lui m'impressionne plus que bien des coureurs bardés de technologie, de tel satellite, de prévisions météo, etc etc...
C'est marrant on est toujours le petit bateau d'un autre.
Avant hier sur le bateau d'un client,14 mètres, 4,50m de large,des cabines immenses et des salles de bains grand luxe...quand je suis rentré sur le mien je me suis senti un peu à l'étroit !
Bon j'ai beaucoup de coffres, des crash box devant derrière et je perds 1,50m d'habitabilité,sur 42 pieds ça fait un peu...
Inversement j'ai un pote qui est grand et qui a un chien énorme dans son 7 mètres,quand je sors de son bateau je trouve le mien super confort...
Pour Baluchon le gros souci aussi c'est la chaleur qu'il peut faire dedans;vu qu'il est près de l'eau aérer avec un capot ouvert est bien plus risqué qu'avec un franc bord haut.
Il y avait eu un gars qui avait voyagé avec un tout petit bateau en alu,je ne me rappelle plus son nom,autour des 3 mètres de long je crois,indestructible mais une vraie fournaise dedans !
Guirec dans sa traversée se plaignait aussi de la chaleur.
Il avance bien Yann...
maps.findmespot.com[...]/Track
c'est sur qu'il va s'arrêter en Papouasie faire le plein d'aventures!
les Papoux y sont open et y sont morts de rire devant un virus,
et ils ne portent que des masques de guerrier, les masques occidentaux en papier ils peuvent pas avec toute la déco qu'ils ont autour de la bouche et sur le pif !
vive les papoux, vive baluchon !
Tu n est pas obligé de faire le passage classique pat Bligh entrance , j ai coupé avant par Pandora entrance , l avantage tu es tj au portant , passage sans souci a travers la barrière de corail
Yann a eu des le départ une panne d'énergie à cause de ses batteries. Il a pu bricoler un régulateur, « J’ai bricolé à l’arrache une grosse girouette qui fait le job pas trop mal, mais je vais moins vite que prévu. Ça risque de prendre un peu plus de temps… Mais ça va le faire nickel ».
Je remets quelques liens...
Son blog:
taveacbaluchon.blogspot.com[...]021/05/
Son FB:
www.facebook.com[...]oto.php
Et l'article sur V&V:
voilesetvoiliers.ouest-france.fr[...]21e5239
Il ne s’arrête pas...
on doit bien pouvoir s'arrêter en Australie pour cas de force majeur sans se faire tirer dessus, non ?
je l'ai fait en 2020 aux US sans visa alors que US fermé aux étrangers hors canadiens, ils ne m'ont pas tiré dessus ...
ils ne vont pas avoir peur d'un petit baluchon quand même !
sinon il lui reste l'ile de waterworld ou on va bientôt tous s'y retrouver !
si il va à Darwin j'espère que l'espèce australienne y a favorablement évolué ...
y va se faire arraisonner par les wallabies, y vont mettre le baluchon dans un musée et Yann à vendre les tickets à l'entrée. (faut pas que je raconte trop d'conneries, le TOM y m'a déjà sucré 2 posts et mis des cadenas sur les fils, il est un peu tendu du slip en ce moment genre humour sur OFF hi hi hi la bise Tom)
Avec ce lien, maps.findmespot.com[...]/Track
Tu cliques sur la règle, menu haut droite, et tu vas créer 2 points en cliquant sur la carte. tu auras un cadre avec quelques données...
Il n'a aucun moyen de communiquer ?
Je suppose qu'il a au moins une balise ?
Reste le lance pierre mais il ne doit pas avoir envie de s'approcher des cargos...
Il avance à son rythme Yann, sa position le 15 juin...
maps.findmespot.com[...]/Track
Fait-il route vers les Îles Cocos ?
maps.findmespot.com[...]/Track
"Baluchon s'équipe d'un régulateur d'allure"
taveacbaluchon.blogspot.com[...]re.html
Ce mardi 29 juin, Yann est à environ 2650 nm...
La position de Baluchon le 03 juillet...
maps.findmespot.com[...]/Track
Son blog.
taveacbaluchon.blogspot.com[...]021/07/
Yann est certainement dans une zone "grise" d’émission de sa Balise SPot. Il faudra attendre plusieurs jours pour le retrouver...
Sans pilote et sans batterie !je suis curieux de savoir comment il a fait ,vive le systeme D et bravo Yann!
!
comme c'est de plus en plus invivable à terre il est en train de s'adapter pour ne plus vivre qu'en mer, le corps couvert d'écailles, des branchies et des yeux de merlan, perso comme j'en ai plein le cul des terriens j'attaque ma métamorphose en orque pour aller croquer quelques safrans en med ... juste pour le plaisir, j'espère ne pas me planter dans les éprouvettes et ne pas me transformer en gobie !
bravo Yann que la force soit avec toi
Quizas
Envie de te métamorphoser comme dans WATERWORLD ;-)
Yann
La balise de Yann nous a parlé, il est à environ 390 nm de la Réunion !!!
maps.findmespot.com[...]/Track
Encore 55 nm environ à faire pour St. Denis...
maps.findmespot.com[...]/Track
J'espère que l'accueil sera à la hauteur de la performance !
Quel serait le port d'accueille le plus sympa pour Yann ?
Je crois que l'on a tous hâte de lire son récit !
Sur V&V...
"Il était parti avec 60 jours d’eau et de vivre. Il lui a fallu 18 jours de plus pour rejoindre la Réunion mais ses réserves lui ont finalement suffi".
"Yann Quenet : « Ma philosophie, c’est la sobriété »" !
V&V, Interview sur le ponton...
voilesetvoiliers.ouest-france.fr[...]f93deb4
le récit, sur son compte facebook
uenet
7tSusp honsroriefd ·
Récit de mon étape Nouvelle Calédonie-La Réunion à bord de Baluchon.
Le matin du départ sur le petit ponton de Nouméa que j'occupe depuis maintenant six mois, plein d'amis sont venus sur le quai pour me souhaiter bon vent et m'emmener quelques gâteaux, bonbons ou boites de sardines, je suis très ému. Même si Baluchon est déjà chargé à bloc et que je commence à faire des indigestions rien qu'à la vue d'une boîte de sardine, je n'ose pas refuser.
La sortie du port et du lagon se passe tranquille sous un petit vent pépère, je suis accompagné par plusieurs bateaux, et même un moment par la vedette de la gendarmerie maritime, sur le moment, j'ai un petit moment d'inquiétude, j'espère qu'ils ne vont pas me demander les papiers du bateau et contrôler mes équipements, mais non, les gendarmes eux aussi ont fait un petit détour rien que pour me souhaiter bon voyage.
Au sortir de la passe, je me retrouve enfin seul, j'ai une sensation de vertige quand j'ouvre la carte sur ma tablette, le trajet me paraît tout à coup complètement démesuré, je me demande sur le coup si je n'ai pas perdu le sens commun pour me lancer sur une distance pareille sur un si petit bateau.
Pour couronner le tout, j'ai très forte douleur à la poitrine. Dans un moment de délire hypocondriaque, je pense même que je suis en train de me faire une petite crise cardiaque, pauvre chouchou !
Je sais bien que l'accueil en Nouvelle Calédonie a été plus que chaleureux et que ça fout les boules de partir, mais de là à passer l'arme à gauche, c'est quand même un peu exagéré, surtout que j'ai encore plein de choses à faire avant.
En m'allongeant quelques heures, la douleur s'estompe peu à peu, mais je suis tout barbouillé, ce n'est en fin de compte qu'un vulgaire mal de mer mélangé à une sorte de crise d'angoisse .
Au bout de deux ou trois jours, j'arrive à prendre quelques repères et à me réhabituer progressivement au roulis incessant de Baluchon, je retrouve mes innombrables petits bleus tout autour du bassin à force de me cogner contre les bords du capot.
Le pilote automatique fait son boulot bien consciencieusement, mais parfois se met en veille, ça je connais comme panne, c'est juste une connexion électrique pas trop nette, je fais une petite inspection sur toute la ligne, en pulverisant du nettoyant contact et en gratouillant les connexions, mais malgré ça, ça recommence de plus en plus souvent, bizarre ?! Je vérifie alors les batteries et là horreur ! l'une d'elle dépasse à peine les 11volts et 11,5 pour l'autre, ce n'est pas ce qu'on peut appeler la grande forme pour des batteries.
Pourtant les deux petits panneaux solaires débitent de l'électricité convenablement, je ne devrais pas les avoir si vides. En essayant de les charger une par une, celle de 11v ne veut plus rien charger du tout, l'autre arrive péniblement à 12v en toute une journée de charge pour redescendre tout doucement pendant la nuit sans qu'il n'y ai rien de branché dessus, bref, elles sont carrément mortes. C'est comme ça chez les batteries ! Quand une claque, l'autre, par solidarité claque aussi, c'est beau et noble, mais moi, ça ne m'arrange pas du tout, j'ai encore près de 6800milles à parcourir avant le prochain magasin de batterie.
Pendant un instant, j'envisage de faire demi tour vers Koumak, une petite ville au Nord de la Nouvelle Calédonie qui n'est encore qu'à vingt quatre heures de navigation, de là, en seulement quelques heures de car, je pourrais rejoindre Nouméa et m'acheter une nouvelle batterie, facile !
Mais rien que l'idee de faire demi tour me rebute au plus haut point, non ! Pas question de revenir en arrière, cap à l'Ouest coûte que coûte.
Il faut juste trouver un moyen pour faire naviguer Baluchon tout seul, le reste pourra très bien ce faire sans électricité.
Depuis mon départ de France, j'annoncais crânement à qui voulait bien l'entendre que mon bateau était si bien conçu et équilibré qu'il pouvait très bien naviguer sans pilote, c'est le moment de le prouver, j'essaye plein de petites astuces délirantes, rien n'y fait, Baluchon n'arrive pas à garder son cap plus d'une demi heure, avant qu'une vague ou une bourrasque le fasse dévier de sa route. Ça me contrarie un peu.
Il faut absolument que je bricole un régulateur d'allure de fortune. Il me faut pratiquement une journée de cogitation pour imaginer avec le peu de matériel que je possède à bord, une sorte de grosse girouette qui agira sur la barre quand le bateau devira de cap par rapport au vent.
Au début, je suis un peu sceptique quant à l'efficacité de ma girouette, je me mets en tête qu'il me faudra plusieurs jours de bidouillage pour trouver un résultat à peu près correct, mais qui n'essaye rien n'a rien.
Miracle ! Au bout du deuxième essai, la girouette marche à la perfection, c'est tellement étonnant que je reste presque une heure comme un nigaud à regarder hypnotiquement cette installation de bric et de broc barrer parfaitement. Bien sûr, ça demande un peu de subtilité dans la tension des drosses et il faut que la voilure soit impérativement réglée au quart de poil, mais l'ensemble fonctionne en silence et avec efficacité, c'est quasiment magique, je décide de baptiser la girouette Bebert (un clin d'œil à mon copain Bebert de Bretagne qui lui, ouvre tout le temps sa gueule et est totalement inefficace 😉) j'essaye d'améliorer un peu le système mais comme toujours, le mieux est l'ennemi du bien, ça marche moins bien, je remets le tout comme au départ et me jure de ne plus toucher à rien tant que ça fonctionnera.
Je reprends mon chemin serein, laissant à la batterie la moins faible le fonctionnement du détecteur AIS, ça tiendra le temps que ça tiendra...j'ai un feu de navigation de secours à pile pour quand je croise un autre bateau. Pour ma tablette et ma liseuse, je les charge directement au cul d'un des panneaux et ça marche parfaitement. Ça aurait été vraiment trop bête de faire demi tour pour si peu.
En arrivant, une vingtaine de jours plus tard, à l'entrée du détroit de Torres entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Nord de l'Australie, le temps jusque là gris et maussade se met au beau, le ciel devient tout bleu et la mer turquoise, j'en profite pour faire sécher mon matelas et l'intérieur du bateau. Depuis une bonne semaine, la mer était devenue assez vicieuse et roublarde pour m'envoyer des paquets de mer en veux tu en voilà, surtout quand j'avais besoin de sortir la tête du capot pour régler Bebert, ce qui me donnais à chaque fois la joie de prononcer quelques jurons bien dégoulinants. l'intérieur de Baluchon est trempé, poisseux et saturé de sel, ça pue le moisi, la sueur, la pisse et le poisson pourri et je n'ai plus de vêtements secs, c'est pas vraiment la joie.
Le détroit, avec ses innommables récifs et ses courants sournois se montre très indulgent envers moi avec un petit vent modéré, comme j'avais fixé la date de mon départ de Nouvelle Calédonie pour arriver ici pendant la pleine lune, je distingue parfaitement les récifs et les îlots en pleine nuit.
Mais ce que je redoutais le plus en rentrant dans la zone Australienne était la réaction des gardes côtes.
Depuis Nouméa, j'en avais entendu de histoires sur ces fameux gardes côtes, des trucs de dingue, du style tu peux avoir une amende de plusieurs millions de dollars voir même faire un séjour en prison juste parce que tu t'es trompé d'un numéro dans l'adresse de ton hôtel ou que tu as oublié une pomme de ton déjeuner dans ton sac à dos, bref, pour un client dans mon genre, avoir affaire à des gens un peu trop stricts m'inquiétait un peu, d'autant que d'après ce qu'on m'a dit, des avions survolent la zone du matin au soir pour te poser sans cesse une liste de questions longue comme le bras, moi qui déteste causer à la radio, ça s'annonce mal.
Quand j'ai aperçu mon premier avion de contrôle, cela faisait déjà vingt quatre heures que je zigzaguais bon an mal an parmi tout un tas d'îlots coraliens, j'ai bien préparé ma vhf portable ainsi qu'un petit papier, où j'avais écris plein de choses sensés intéresser des douaniers tel que: ma date de naissance, la pointure de mes chaussures, le nom de jeune fille de ma grand mère ou la couleur de mon caleçon. Je me suis bien raclé la gorge en attendant fébrilement. Quand l'appel est venu, le douanier à l'autre bout était très courtois, il m'a juste demandé d'où je venais et où j'allais comme ça dans mon petit vessele, il m'a aussi demandé la taille de mon bateau, quand j'ai répondu, j'ai entendu des grands wouah et des rires dans la cabine de l'avion, l'opérateur m'a alors souhaité bon voyage dans mon incredible aventure. Quand l'échange s'est terminé et que l'avion s'est éloigné, je me suis retrouvé tout chose et tout ému. Quel sacré ce Baluchon ! pouvoir rendre sympathiques des hommes passants pour les plus psychorigides du monde, c'est pas donné à tout le monde quand même.
Malgré le manque de sommeil et la fatigue, je passe petit à petit et assez facilement le labyrinthe de Torres, jusqu'à qu'à frôler l'île Hammond, juste à côté de l'île du Prince de Galles tout au Nord de l'Australie, en fait, ce n'était pas vraiment nécessaire pour moi de descendre si près de la côte mais j'avais en tête de pouvoir capter le réseau téléphonique Australien histoire d'envoyer quelques nouvelles, bingo ! ça marche je reçois un SMS : mon opérateur téléphonique m'accompagne en Australie (sympa!), j'envoie quelques messages, mais je n'arrive pas à capter internet, pas grave, j'essaierai de me rapprocher à nouveau de la terre plus tard, pour l'instant, il fait nuit et je suis naze, j'entreprends la dernière partie du chenal.
Je croise trois gros cargos à la queue leuleu, nos routes se coupent d'un peu près c'est vrai, mais j'ai assez de vent pour manœuvrer et les éviter, mais les cargos eux, on l'air un peu sur les nerfs, deux d'entre eux actionnent leurs sirènes comme des gros tarés semblant me dire "dégage de là connard !" je suis le seul autre bateau dans le coin donc je le prends pour moi. Comme par hasard, l'internet sur mon téléphone se met en fonction juste à ce moment, ça envoie des dizaines de bibs de notifications, vingt jours d'abstinence numérique et ça déclenche autant d'alarmes que sur un avion de ligne en détresse, et ces putains de cargos qui recommencent leur cinéma avec leurs sirènes. Tous ces bruits me stressent à mort, à tel point que je suis à deux doigts de sortir ma vhf pour « prier » à ces klaxoneurs de mes deux de fermer leurs grandes gueules. Finalement je fais un grand détour pour éviter ces mauvais coucheurs et pour me calmer un peu, je dois être vraiment crevé pour me mettre dans un état pareil car c'est vraiment pas le genre de la maison, il faut absolument me reposer et reprendre des forces dans les prochains jours, d'autant que j'en suis à à peine un quart du parcours. J'arrive quand même à envoyer un post sur les réseaux sociaux et quelques messages personnels, je parcoure en vitesse mes mails: rien d'important pour moi, j'éteins vite fait le téléphone et reprends mon cap à l'Ouest.
Quelques heures plus tard, je suis enfin sorti du détroit, je me fais une bonne plâtrée de nouilles lyophilisées avec une tonne de fromage en poudre et m'allonge pour un bon roupillon, mais, en mettant l'alarme pour 40minutes de sommeil, j'oublie de l'enclencher, je me réveille presque quatre heures plus tard en plein jour en plein milieu d'une zone infestée de cargos, pas vraiment prudent comme attitude. La prochaine fois, il faudra mieux gérer mon sommeil et les retours, même momentanés à l'approche du monde des gens.
La suite, la traversée de la mer d'Arafura et la mer du Timor, qui consiste à longer tout le Nord de la Côte Australienne, se relève aussi ennuyeuse que navrante. Ennuyeuse car le vent faiblart et toujours pile vent arrière m'oblige à tirer de grands bords à la vitesse d'un bigorneau.
Navrante également, car la mer est quasiment recouverte de déchets plastiques, c'est la première fois depuis mon départ que j'en croise autant, l'être humain est vraiment un sacré sagouin quant on y pense.
Tout cela, ajouté avec la déception de ne pas pouvoir m'arrêter en Australie, point d'orgue initial de mon voyage, me fait paraître cette partie de l'étape très longue et très morose.
Pour me consoler, en passant au large de Darwin, je me rappele le roman de Douglas Kennedy: piège nuptial. C'est peut-être une bonne chose après tout cette pandémie, car, dans l'affligeant état de manque de douceur feminine dans lequel je me trouve, j'aurais moi aussi été tout à fait capable de prendre cette auto-stopeuse complètement maboule en plein milieu du bush Australien.
Autre point positif: je suis en permanence sous des ciels d'une beauté à tomber par terre, les levés et couchés de soleil sont époustouflants, ça ne compense évidemment pas le fait de naviguer sur une mer de plastique dégueulasse, mais ça met quand même un peu de poésie dans le paysage.
Au bout d'une vingtaine de jours, j'arrive enfin à atteindre l'Océan Indien, le manque de vitesse est à deux doigts de me rendre fou, j'en suis presque à réclamer à corps et à cri un peu de vent. Mon royaume pour de l'alizée !
Ha tu veux du vent mon petit père !? Attend un peu!
À peine 100 milles après le point le plus à l'Ouest de l'Australie, le vent vire enfin au Sud Est, chouette ! Mais cette fois, ce n'est pas de l'alizée de fillette comme dans le Pacifique, c'est bien plus musclé, le vent, pendant presque tout le reste du parcours va pratiquement rester constamment aux alentours des 35 nœuds, ce qui commence à être un peu beaucoup pour un bateau de 4 mètres. Mais je sens mon petit Baluchon dans son élément, content de lutter contre la mer et le vent. Les moyennes journalières descendent rarement en dessous des 100 milles malgré l'état de la mer chaotique, quelques fois, quand le vent mollit et attenu un peu les vagues, j'arrive à parcourir jusqu'à 120 milles dans la journée, ça change de mes piteuses moyennes Australiennes.
En dépit du manque de confort extrême, je suis moi aussi super heureux d'être là, je n'échangerai ma place pour rien au monde.
Pour donner un ordre d'idée des conditions de navigation, il faut s'imaginer coincé dans bobsleigh qui dévalerait une piste de noire de ski de près de 6000km préalablement pilonée par l'artillerie d'une armée Teutone en grande forme.
Plusieurs fois par jour, Baluchon reçoit des claques monumentales qui l'envoient direct au tapis, il s'en suit alors un court moment de silence avant qu'il ne se redresse face au vent. Le minuscule bout de voile en place se met alors à fasseyer comme alcoolique Breton atteint de la maladie de Parkison, provoquant des vibrations délirantes dans tout le bateau, puis Bebert remet petit à petit Baluchon sur son cap qui repart de plus belle affronter les vagues suivantes. J'arrive à développer une sorte de sixième sens, dès que je sens qu'on va se prendre une nouvelle trempe et se coucher, je mets immédiatement les pieds au plafond ce qui m'évite de me faire éjecter de ma couchette.
Tous les objets qui ne sont pas parfaitement amarrés sont également catapultés sous les coups de butoirs, c'est de cette façon que mon précieux couteau suisse, ma lampe frontale et mes lunettes de lecture sont plus d'une fois envoyés valdinguer dans l'immensité de la cabine, je mets à chaque fois des plombes pour les retrouver en fouillant partout dans le bateau qui secoue comme un démant.
Coincé comme je peux sur ma couchette, j'essaye tant bien que mal de continuer à avoir un semblant de vie "normale", je passe mon temps entre, rêvasser, lire, manger froid et dormir. Quand j'arrive à avoir suffisamment d'électricité pour ma tablette je mets en boucle "la grange" de ZZtop, qui s'accorde parfaitement aux conditions et au rythme de cette traversée.
En passant au large de l'île Rodrigue à 450milles de l'arrivée, je me rapproche de la côte pour pouvoir capter le réseau téléphonique, mais rien que le fait de mettre un post et d'envoyer un message par internet, je reçois immédiatement une facture de 50 euros, Bim ! Prend ça dans ta face ! J'éteins le téléphone illico et sans demander mon reste. C'est sans doute le prix à payer pour pouvoir donner des nouvelles, à priori mon tracker n'envoyait plus de signal depuis un bon moment ça devrait rassurer la famille et les potes.
En vue de l'île de la Réunion au bout de 77 jours de mer, je suis bien content, j'ai vraiment repoussé mes limites et beaucoup appris sur moi même et sur la mer pendant cette très longue étape. Certes, il y a eu pas mal de journées bien galères, mais dans l'ensemble à part l'épisode des batteries, je n'ai pas rencontré de problème technique, j'ai eu assez de nourriture, j'ai eu aussi assez d'eau en récupérant, en plus des 110 litres embarqués au départ, une trentaine de litres d'eau de pluie, plus une dizaine par le dessalle manuelle.
Arrivée au port à la godille, pas mal de gens sont sur le quai pour m'accueillir, c'est la première fois depuis le début de mon périple que ça m'arrive, quelqu'un agite même un drapeau Breton, c'est trop sympa. Mais dès que je mets les pieds sur le ponton, mes jambes arrivent à peine à répondre à mes ordres, j'ai un mal fou à marcher droit, ça fout un peu la honte, tout le monde doit penser que je suis complètement bourré et que j'ai abusé de la mignonette de rhum qu'on m'a offert au départ, Mais quelle mauvaise image de la Bretagne je dois donner !?
Dès les formalité portuaires et douanières effectuées, plein de gens font la queue sur le ponton pour venir me parler et pour m'emmener quelques victuailles, ça me fait tout drôle après tout ce temps tout seul en mer. Cette escale à la Réunion promet elle aussi d'être des plus agréable !
Nickel Vannina !
Merci pour ce partage.
Il en a quand même bien bavé !
Et passer l'Afrique du sud c'est pas non plus de la tarte ce qui vient après...
120 miles par jour c'est vraiment impressionnant pour un si petit bobsleigh...
On peut lui souhaiter un bon repos mérité plein de douceur à la Réunion !
Quelques nouvelles de Yann et de son baluchon...
Un nouveau "wind-pilote".
Amélioration de la godille.
Yann fait un pot de départ ce vendredi 15 octobre, c'est un peu loin pour moi, mais j’espère qu'on pourra voir quelques photos...🥂🍹😉
www.facebook.com[...]616260/
Il est reparti le Yann, direction le port de Richard'Bay en Afrique du Sud...
taveacbaluchon.blogspot.com[...]021/10/
Et il a droit à un petit article dans V&V...
voilesetvoiliers.ouest-france.fr[...]adf55c7
"Hello les amis, bien arrivé en Afrique du Sud, comme prévu, j'en ai un peu bavé, mais ça l'a quand même fait 😉 plus de news bientôt..."
taveacbaluchon.blogspot.com[...]021/11/
Yann nous explique son arrivée.
"Yann Quenet arrivé en Afrique du Sud sur son minuscule voilier : « Je m’attendais au pire »"...
voilesetvoiliers.ouest-france.fr[...]ee1af82
Bonjour,
Quelqu'un sait-il comment sont recupérés les waypoints de Baluchon ?
Il y a à bord un AIS Class A qui n'est donc pas suffisant, je crois.
Alors comment ça marche ces waypoints ?
Merci
Flora: Dans ces endroits , le facteur chance est plus important qu’ailleurs. Avec le jus , il aurait pu faire 50 milles ou plus par calme plat vers le sud en une nuit ! ( et quand on sait qu’à la bonne saison on est « éligible » * à un coup de vent tous les 48h ) pas question de rester traîner !
Plus que bravo d’avoir réussi cet exploit , cette dernière traversée ! Je suis un peu surpris , sans l’être , de sa décision de contourner le cap en mettant son canot sur remorque … le plus gros du dur était fait ( l ´atterrissage ) .est ce une décision personnelle ou influencée par les autorités portuaires et les Coast Guard qui apprécient que très modérément ce genre de démonstration canot minimaliste, et surtout sans moteur , indispensable pour faire route et se réfugier dans les 4 ports de la côte en cas de baston imminent on plaisante pas sur le sujet ,la bas ! .? Il faut savoir qu’en AdS , on navigue pas comme ailleurs , à la bonne franquette et on ne discute pas les ordres ,ou ça risque de chauffer pour votre matricule . Peut être plus tard , Yann Quenet donnera une version plus approfondie . Et quoique qu’il en soit , mer ou route 👏👏👏 l’artiste !!!
* éligible 🤣 ce mot très en vogue en ce moment pour inverser des vérités
On peut pas s'empêcher de se dire qu'il franchit les limites raisonnables quand même... tant qu'il est resté entre les deux tropiques, ça pouvait aller.
Bonne-Espérance, même si ce n'est pas encore les 40e, ça craint vraiment pour son mini-bateau.
Il l'a probablement mesuré lui-même.
Repartir de Cape-Town me semblerait une bonne idée réaliste.
pour ceux qui ne vont pas sur facebook, le post de Yann
Avec un peu de retard, des extraits de la traversée de Baluchon vers l'Afrique du sud:
Le matin du départ, c'est un peu l'effervescence, plusieurs amis sont venus me dire au revoir, même que deux d'entre eux se sont ramenés avec une cornemuse, une caisse claire et un énorme Gwen-a-Dü. Dès le petit matin, de la musique Bretonne résonne sur les quais. En même temps que ça me fout une chaire de poule pas possible, ça rameute encore plus de monde. Encore une fois, ce départ ne se fera pas sous le signe de la discrétion.
Je ne suis pas en grande forme, quelques jours plus tôt, j'ai été victime d'un guet appen amical (mais néanmoins sournois) au ruhm arrangé, je me suis retrouvé comateux au petit matin sous un toit que je ne connaissais pas, avec seulement de très vagues souvenirs du déroulement de la soirée précédente. Malheureusement je ne me suis pas réveillé comme je l'aurais tant aimé, avec une jolie petite métisse créole à mes cotés, mais j'avais quand même partagé le bout de matelas qui m'avait servi de lit avec de charmantes araignées ou des bestioles dans le même genre, qui en guise d'affection, m'avaient boulotté un pied pendant la nuit , (heureusement elles ne s'étaient arrêtées qu'au pied !) il était devenu violet et tout, gonflé, et comme j'avais éclaté les grosses cloques provoquées par les morsures en les grattant inconsciemment dans mon sommeil, j'avais tout le dessus du pied à vif. En plus d'avoir des kangourous qui jouaient au rugby dans mon crâne , je marchais en boitillant à cause de se foutu pied que je n'arrivais même plus à rentrer dans ma chaussure.
Rien que le mot "ruhm" me foutais la gerbe, ce qui fait que la soirée d'adieu organisée le soir même avec les copains d'Orialis (un voilier en aluminium croisé en Polynésie qui comptait partir le même jour que moi) à été bien plus sobre.
Malgré ça, ce matin je suis encore bien vasouilleux, je manque sérieusement d'entraînement. La sociabilisation, ça a sûrement du bon, mais visiblement il est temps pour moi de repartir, j'aurais tout le temps de me reposer en mer.
ce séjour à la Réunion aura été tout de même une sacrée escale. [....]
Arrivée dans la grande darse d'entrée du port, je peux enfin dérouler la voile et tirer quelques bords.
Tout un tas de gamins sont là à apprendre le kayak sur le plan d'eau, on échange quelques mots. La monitrice très charmante leurs explique que j'arrive de Nouméa et que je pars pour l'Afrique du Sud, visiblement aucun de ces lieux ne dit rien à ces marmots.
-On peut vous accompagner monsieur ?
À ce moment une bonne bourrasque me tire pour de bon du port, je fais des grands signes aux gamins et aux copains sur les quais.
Adieu la Réunion ! Quelle sacrée escale ça a été !
Mais ça fait du bien aussi de reprendre la mer, je suis tout euphorique et je sens mon petit Baluchon impatient de revoir le large. [....]
Le trajet cette fois, consiste à contourner Madagascar par le Sud et ensuite tracer plein Ouest vers le port de Richard's Bay, soit une petite étape de seulement 1500 milles. [....]
La première semaine, le vent n'est pas au rendez vous,, c'est tout mollasson, même si habituellement, le manque de vent m'énerve un peu, cette fois, je plonge avec délectation dans une sorte de rêverie permanente, parfois même, je laisse Baluchon aller comme ça lui plaît, à on arrivera quand on arrivera, y'a pas le feu au lac non plus.
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J'ai encore des soucis d'électricité, ma batterie neuve ne charge pas du tout, je pense d'abord à un problèmes sur les régulateurs de mes deux petits panneaux solaires, mais même en les court-circuitant, les panneaux arrivent à peine à compenser la consommation du détecteur AIS qui est particulièrement sobre en énergie, bref cette fois ce sont les panneaux qui sont en train de me lâcher, si ça ce trouve, ce sont même eux qui sont à l'origine de la mort de mes batteries pendant la traversée précédente.
Mais ça ne me fait ni chaud ni froid d'être en rade d'électricité, ma nouvelle girouette automatique fait le travail parfaitement, j'ai un feu de navigation de secours qui tient pratiquement deux nuits de suite avec un jeu de piles, et ma liseuse est chargée à bloc, pas la peine de se faire du mourron avec les photons ! Pour ma position, je me contente d'allumer ma tablette une minute par jour pour avoir mon point GPS et suivre le reste du temps le cap au compas, j'ai en plus un GPS classique à pile en réserve au cas où, bref, je pourrais largement tenir des semaines sans électricité, pas la peine de se prendre la tête pour rien finalement.
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La pointe sud de Madagascar est réputée pour avoir du mauvais temps presque toute l'année, il est conseillé aux navigateurs de bien contourner l'île par le Sud, pas à moins de 150milles de la côtes , certains préconisent même 200 milles, comme je suis un garçon pragmatique, je coupe la poire en deux et vise à 175 milles, de toute façon, je m'attends à me faire bien brasser, c'est une de mes devises préférée, "Attends toi au pire comme ça tu n'es jamais déçu" .
Dès que je commence à bifurquer vers l'Ouest, je sens tout de suite qu'il va se passer quelque chose, il y'a très peu de vent, mais le bateau et la voile sont couverts de condensation, des milliers de goutelettes tombent en pluie sur le pont à chaque fois que la voile fasseye, pas besoin d'être experts en météo pour comprendre que le temps va sûrement changer d'ici peu.
Bien vu ! Une heure plus tard presque instantanément, le vent vire radicalement plein sud et se met à souffler très fort, la mer se lève presque à déferler.
Ça secoue dur, d'autant que cette fois, pas question d'appliquer, ma méthode du bouchon (appelée aussi la méthode du shaker ou encore de la poule mouillée), méthode qui consiste, face aux situations de mauvais temps à s'enfermer dans le bateau et d'attendre comme on peut que ça ce passe. Cette fois, il n' y a pas le choix, il faut faire comme les grands et affronter la mer en faisant route coûte que coûte, Dans ce secteur, on peut attendre longtemps avant que la mer se calme, et avec ce vent du sud qui a l'air de venir tout droit de l'Antarctique tant il est glacial, on ne peut que dériver que vers le Nord et donc, se rapprocher du plateau continental au Sud de Madagascar avec une aggravation systématique de l'état de la mer.
Malgré son manque de puissance et de vitesse, Petit Baluchon se bagarre comme un beau diable face aux éléments, comment je suis trop fier de ce petit navire !
Tout irait pour le mieux sans qu'un bruit effrayant se mette à résonner de partout dans le bateau, j'ai un moment l'impression que quelqu'un est en train de jouer au marteau piqueur sur le pont tellement le bruit est fort, (c'est une image bien sûr, vu l'état de la mer, personne ne peux tenir à l'extérieur sans se faire éjecter dans la seconde, qui plus est, même si je suis le mec le plus sympa et tolérant du monde, je serais tout de même intervenu pour stoper un individu qui s'attaquerais au pont de mon bateau avec un tel engin) .
Au bout de plusieurs minutes, j'arrive à localiser d'où vient le bruit, c'est en fait l'extrémité de ma godille, saucissonée le long de ma main courante, qui se met à vibrer comme une folle, il faut arrêter ça le plus rapidement possible car j'ai peur que ça rentre en résonance et que ça finisse par casser quelque chose.
Depuis un bail déjà, les vis de fermeture du capot avant sont cassées, je serre maintenant le joint d'étanchéité avec deux cordelettes que j'entortille sur deux petit bout de bois, c'est aussi efficace que les vis, mais c'est bien plus long à défaire, surtout dans ces conditions.
Enfin, j'arrive, en passant la tête par le capot à ficeler à peu près correctement le bout de la godille vibrante tout en reçevant au passage de bons paquets de mer, heureusement, j'avais auparavant bien pris soins de me foutre à poil histoire de ne pas mouiller mes vêtements. En rentrant à l'intérieur, c'est à nouveau tout un bordel pour remettre les cordelettes de fermeture, les vagues déferlent encore et encore sur le pont, il faut se magner le train.
Mais dans la précipitation, les secousses et mes tremblements à cause du froid, je casse un des petits bout de bois de serrage, l'eau pisse de partout, je prends la première chose qui me tombe sous la main pour serrer la cordelette: ma brosse à dent, qui fait le travail parfaitement. Ouf enfin au sec ! Enfin "au sec": façon de parler, comme un con j'ai laissé mes vêtements et mon sac de couchage sur ma couchette du tout est archi trempés, même ma serviette pour m'essuyer. J'arrive tant bien que mal à me sécher, et enfile mon dernier tee-shirt sec, je sorts mon vieux ciré tout moisi pour essayer de me protéger du froid et de l'humidité et me rechauffer un peu.
Baluchon n'a plus vraiment besoin de moi maintenant et file tour seul dans la plume, parfaitement dirigé par Bébert la girouette automatique.
Le gros temps va durer comme ça 48 heures sans vraiment de problèmes, à part le fait que je ne peux plus utiliser ma brosse à dent, je vais sûrement un peu puer de la gueule pendant quelques jours, mais, à vrai dire ça ne va pas déranger grand monde.
Le reste de la traversée va se poursuivre sous toutes sortes de conditions de mer et de vent, je reprends mes rêveries nonchalantes, le temps passe ainsi bon an mal an, mais je ne suis pas aussi serein et confiant que le sur la première partie. La réputation de sale temps aux alentours de l'Afrique du Sud doit probablement me travailler un peu le cerveau.
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À 150 milles des Côtes Africaines, le vent assez costaud de 30noeuds cesse brutalement, le bateau se met alors à gigoter comme c'est pas permis sur cette mer encore perturbée, impossible de garder la voile à poste tant ça roule, c'est infernal, j'attends une nuit entière à dériver et à me faire secouer comme un prunier, au petit matin je peux enfin mettre de la toile et faire un peu de route, mais c'est assez pénible, le soir suivant, de méga éclairs zèbrent le ciel de partout, accompagnés par des grondements terrifiants, le vent est faible et change de direction en permanence, ça commence à m'agacer.
Je visais jusque-ici un point situé à environ 30 milles au Nord de Richard's bay, pour contrer le courant du canal du Mozambique qui déboule à 4-5noeuds vers le Sud tel un tapis roulant géant, mais durant la dernière nuit, encore sous des orages impressionnants, je fais mon timide et me tiens par excès de prudence à environ dix milles de la côte, au petit matin, l'Afrique m'apparaît enfin. Depuis 48 heures je la sentais, une odeur très forte, un mélange de terre mouillée et de végétation,
-L'AFRIQUE MEC ! L'AFRIQUE ! Que je me répète sans cesse sans vraiment y croire.
Mais la belle Afrique est aussi capricieuse, elle sait se laisser désirer, le vent m'abandonne à seulement 7 milles, de l'arrivée, la côte défile devant moi à toute vitesse sans que j'ai la possibilité de m'en approcher, Richard's bay, et les nombreux cargos mouillés devant me regardent passer tranquillement, j'essaye tant bien que mal de profiter du moindre souffle d'air sans beaucoup de résultat, ma voile n'est pas vraiment faite pour le tout petit temps. La carte indique plus de 80 mètres de fond, impossible de balancer mon ancre, pas question non plus d'attendre la renverse de courant comme en Bretagne, ici ça descend indéfiniment vers le sud.
Je croise par hasard, un petit bateau de pêche au gros, je l'interpelle en soufflant dans un petit sifflet en plastique, les types à bord on l'air de complètement halluciner quand je leur explique que j'arrive de France.
Tout de suite, le patron du bateau appelle un copain à lui à la VHF, pour venir me tracter, (ha oui tiens la VHF ! Ça ne me vient toujours pas à l'esprit d'utiliser cet appareil, il me reste pourtant quelques volts pour un appel, je préfère visiblement mon petit sifflet en plastique). Quinze minutes plus tard, une petite barge qui sert au transfert des équipages sur les cargos au mouillage vient exprès vers moi pour me remorquer, les gars sont super courtois et amicaux, on se présente par nos prénoms, Baluchon est alors tracté tranquillement, on s'arrête un moment pour prendre une équipe sur un cargo et on se dirige vers l'entrée du port. Pendant ce temps, le vent se lève enfin, je suis un peu déçu, j'aurais peut-être pu rentrer par mes propres moyens. A 1milles de l'arrivée, un semi-rigide des sea-rescue vient prendre le relais pour le remorquage, je me sens gêné de déranger tous ces gens, mais ça ce fait d'une manière si naturelle et professionnelle, que l'entraide entre marin semble couler de source.
Une demi heure plus tard je suis amarrée, au quai d'entrée à Tuzzi Gazi, j'aperçois avec étonnement deux singes qui se trimbalent sur le quai.
WELCOM TO SOUTH AFRICA!
Je pense qu’il en avait la capacité , en côtière sur 4 escales pour rejoindre le Cap . ( seule alternative) mais il faut prendre en compte l’usure de tout ce qui a été accompli auparavant et il possède l’instinct inné du marin qui sait oser mais aussi et surtout savoir s’arrêter avant de se dépasser, physiquement….et se mettre vraiment en danger ,comme on dit ne pas tenter le diable 👿 ! C’est déjà énorme, faire ce qu’il a accompli! Donc , bon retour à toi , dans tes eaux , en Atlantique !
Yann est près à prendre la route pour Cape Town...bonne route !😉🥂
"Du coup je prends la route et devrais arriver à Cape Town aux alentours du 27 décembre. Ça va me permettre de voir le pays de l’intérieur. Ça va être sympa."
Son blog.
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"Sous réserve des contraintes sanitaires, Yann Quénet devraient prendre très prochainement la mer de Cap Town vers l'ile de Saint Hélène, à travers l'océan Atlantique."
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