Physique du navire
Bonjour,
Je me permets de lancer ce fil, certain de trouver dans le forum des interlocuteurs en mesure de répondre à certaines de mes interrogations, attentif comme vous l’êtes, à la pédagogie.
Il s’agit de questions concernant la « physique » du navire, en tenant compte du fait que, comme beaucoup, j’aime comprendre le fond des choses, avant de chercher à les simplifier lors du passage à la pratique.
Aussi, je regrette l’absence de support pédagogique clair (une sorte de cours assez scolaire partant des principes de base, avec des schémas, explications physique, formules comme supports) décrivant :
1) la statique du navire
2) l’action des différents éléments (vent, courant, résistance de l’eau, de l’air...) sur les parties importantes du navire (œuvres vives, œuvres mortes, safran...)
3) l’écoulement des fluides autour de la coque, du safran...
4) les forces agissant lors d’une giration...l’action des filets d’eau sur le safran en marche avant/arrière, moments, couples...
5) la physique des manœuvres au port (accostage, appareillage, amarrage...)
Je regrette en effet de ne trouver des supports qui ne font que donner des indications sans fournir la structure d’un raisonnement.
Si vous avez toujours des projets de vidéos, que penser d’un support progressif fournissant les éléments permettant de jeter les bases de la physique du navire, remontant jusqu’à des éléments plus fins, pour ensuite fournir un canevas simplifié pour la pratique ?
Certains, j’en suis convaincu, ont davantage l’esprit de la « formule » que du « sens physique », rendant cette démarche précieuse.
Je précise avoir consulté le cours des Glenans, le VAGnon de la voile et d’autres ouvrages sans avoir été jamais satisfait, notamment par l’absence de progressivité pédagogique.
Je vous remercie par avance, Alex
En français je ne connais pas de livres, sinon en anglais:
Aero-Hydromechanics of keel yachts, J.Slooff, essentiellement sur bateau/voiles
Physics of sailing, John Kimball: bateau voiles et un peu environnement (vent, vagues, etc)
Un petit faible pour: The symmetry of sailing, Ross Garrett, série d'articles sur différents sujets, moins structuré que les autres, de "la physique du vol de l'albatross" à "quelle granularité pour une surface mouillée, en passant par voilier et systèmes de vagues... plein de sujets différents et intéressants, très plaisant à lire.
Il y a en Français un livre en 2 tomes qui répond exactement au besoin. C'est "architecture du voilier" de Pierre Gutelle.
sinon
Merci pour le syllabus. Le premier chapitre correspond parfaitement à ce que j’imaginais.
C’est dans cet esprit que j’aimerais me constituer une agrégation de contenus partant du basique à un corpus plus technique, aboutissant aux résultats connus et permettant par la suite d’avoir en tête des formules grossières pour la pratique.
Merci à vous 3 pour les références et surtout à vous deux pour ne pas avoir méprisé ma demande et l’avoir pris au sérieux.
Par certains aspects, Structure et Construction du Voilier" de JP Aubry apporte des eclaircissemets, avec pas mal de pédagogie. A trouver d'occasion, plus édité.
Regardes du coté de l'ENSTA :
www.ensta-paris.fr[...]l-ensta
ou avec gogol cherches : hydrodynamique du navire
Une intro pédagogique à un concept indispensable: le nombre de Froude
francois.lonchamp.free.fr[...]de.html
Merci à vous.
Je ne pensais certainement pas avoir autant de succès !!!!
il y a "Aérodynamique de la voile "par Mandfred Curry en français
un autre livre paru au XXe siècle "je construis mon bateau en acier" de Munier,
et plusieurs ouvrages sur les manoeuvres (voile, moteur) et quelques guides de préparations aux permis qui expliquent les influences de la masse du navire, des vents (effets du fardage) et des courants (dérives) sur les problématiques relatives aux contrôles d'un navire
La physique de la voile est totalement inutile à la pratique. Elle est par contre utile à l'architecte naval qui conçoit les voiliers. Le pratiquant,lui, n'a besoin que d'expérimenter et constater le résultat de ses actions. Il progresse en affinant ses perceptions. Le raisonnement n'a vraiment rien à voir là-dedans.
un bel ouvrage de banalisation de l'architecture navale (appliquée à la voile), permettent de comprendre les enjeux du fonctionnement d'un voilier:
Charles BERTRAND, comment marchent les voiliers
La "physique du navire" est totalement inutile au barreur ou au manoeuvrier, car on ne barre ni ne manoeuvre avec des théories ou des formules, on barre avec ses fesses, c'est à dire avec ses sensations et perceptions. L'illusion est fréquente chez les débutants très scolarisés de pouvoir shunter le long apprentissage perceptif nécessaire à un bon niveau de barre par des connaissances théoriques c'est à dire de sciences physiques. c'est un leurre complet qu'encourage l'idéologie académique dans laquelle nous sommes tous plongés dès la maternelle. Les savoirs de science physique n'ont strictement rien à voir avec ce qu'utilise un barreur pour barrer qui sont des signaux perceptifs. La voile est une pratique pragmatique et c'est bien pour celà que les auteurs anglo-saxons en parlent beaucoup mieux que les auteurs français.
Tout comme il existe une physique académique enseignée dans le secondaire, il existe une physique de vulgarisation utilisée dans les manuels de voile, qui n'a rien à voir avec la science physique. C'est une physique admissible par le sens commun (forcément puisqu'elle est supposée être utilisée dans la pratique) alors que depuis Galilée la physique contredit le sens commun. On aboutit ainsi à des énormités comme les explications "venturiennes" de la portance aérodynamiques ou celles encore plus comiques de l'effet de pas d'hélice ou de l'intérêt du dévers de la chute d'une GV. J'aimerais que les tenants de la physique académique m'expliquent la théorie aérodynamique qu'ils utilisent pour régler leurs voiles? Se basent ils sur l'effet Coanda? sur la théorie de kutta et Jukowski? ou celle d'Hoffman et Johnson? En fait, ils font comme tout le monde mais ne s'en rendent pas compte, aveuglés qu'ils sont par l'idéologie académique: Ils regardent leurs penons de guindant de foc et de chute de grand voile, évaluent à l'oeil les volumes de leurs voiles et se fient aux sensations de barre lorsqu'ils barrent avec une barre franche. Les "volumes" de physique n'y ont aucun rôle.
On en a déjà souvent discuté sur le forum, à propos de la qualité des stages de formations et des compétences des formateurs ainsi que de leur bonne adéquation avec les stagiaires.
Les notions de méca flux que tu cites sont fondamentales, faut-il les aborder et avec quel formateur? jusqu'à quel niveau ? pour quels stagiaires car tous n'ont pas les mêmes attentes ?Amha, l'offre actuelle est trop incomplète car restreinte au programme FFV. ·le 12 mai 2023 11:06
@holothurie, tes posts bien rugueux m’ont inspiré quelques réflexions. Non que tu aies tort, notamment quand tu critiques les fausses représentations de la théorie de la portance d'une aile, mais n'est-ce pas justement l'objet de la demande du post initial ? Il me semble qu'@Alex72 a bien écrit qu'il était insatisfait des théories présentées dans les manuels classiques et qu'il souhaitait du matériel pour améliorer sa compréhension des théories en cours actuellement. A moins que j'ai mal lu, en aucun cas n'a-t-il écrit que c'était pour améliorer sa pratique à la barre.
Je ne suis pas sur que ce soit si inutile que ça pour la pratique. Pas au quotidien, ça c'est sur, là il n'y que l'expérience qui compte. Par contre en cas de problème ou de volonté de s'améliorer, prendre du recul, analyser les paramètres avec un regard le plus précis possible, permet parfois de faire avancer les connaissances et trouver des solutions qui ne font pas encore partie de ce qu'il est communément pratiqué. Par exemple : peu de gens ont conscience du flux d'air perpendiculaire à la portance qui est créé par une voile ou une aile (le "downwash" en anglais). Seuls les régatiers qui savent cela (et ont ont adapté leurs représentations mentales) ont les stratégies nécessaires pour contourner les problèmes qui en découlent. En tout cas ça fait pas de mal d'ajuster ses images mentales sur la physique de ce qu'il se passe sur son bateau. S'il ne s'agit que de culture, soit, chacun est quand même libre de se cultiver comme il veut non ? Par contre il est vrai que ce n'est pas forcément très intuitif. Il faut affronter Euler et ses équations différentielles, Reynolds, Mach, l'effet Coanda difficile à quantifier en modélisation, l'effet Magnus idem, la physique en conditions laminaires et celle en conditions turbulentes…
Autre chose, comment motiver un ancien barreur/régleur à changer ses habitudes quand de nouvelles connaissances ou matériels, développés sur la base d’évolutions dans la théorie des fluides deviennent nécessaires ? Ne vaut-il alors pas mieux invoquer la théorie, expliquer, plutôt que de procéder de façon bêtement autoritaire ? Mémé si on va plutôt utiliser des simplifications, on peut toujours créer des images mentales plus proches de la théorie physique en cours que les faussetés qui ont parfois cours ailleurs.
Enfin la physique n’est pas que la théorie fort complexe de la dynamique des fluides. Celle qui dérive de F=ma (puisqu’il n’y a ni flèches ni Sigmas dans cet éditeur, vous aurez corrigé la formule de vous-mêmes) reste bien utile pour des tas d’aspects de la navigation, il me semble.
Je trouve qu'il serait dommage de ne cantonner les connaissances physique qu’à un petit nombre de gens archi spécialisés. La physique n’est-elle pas un langage universel qui permet de transmettre l’essence de l’expérience accumulé par les gens dans le passé ? Aurions-nous une science de la mécanique des fluides s’il n’y avait justement pas des navigateurs à la voile, puis des aviateurs ? Toute cette science n’est certainement pas née et n’aurait pas évoluée s’il n’y avait des pratiquants qui ont réfléchi à leur expérience et l’ont confronté aux prédictions de la théorie, constatant les divergences qui ont permis d’ajuster la théorie et ce pas seulement dans les souffleries mais dans la vie bien réelle. Encore fallait-il avoir une idée des théories en cours !
Ouf, après tout ça, il me semble qu’il serait intéressant de savoir si toi, @holothurie, tu pouvais nous pointer dans la bonne direction, en indiquant des documents qui te paraissent mieux résumer la physique que les traités classiques ? Par exemple, quel document pourrait nous indiquer la véritable raison pour laquelle il est intéressant de faire déverser la chute de GV ?
Je ne crois pas me tromper en pensant que le post d'Alex 72 concerne la pratique de la voile et sa pédagogie: "comprendre le fond des choses avant de chercher à les simplifier lors du passage à la pratique", "fournir un canevas simplifié pour la pratique", "progressivité pédagogique". Si la physique du navire l'intéresse, c'est bien dans une visée pratique (la pratique de la voile), voire pédagogique. Ce faisant il enfonce l'énorme porte ouverte de la pratique de la voile comme application de la physique, selon le schéma académique bien connu. Dans cette logique, il parait évident de comprendre d'abord les principes physiques régissant la conduite d'un voilier avant, comme il le dit, de passer à la pratique. Apparemment, de nombreux héotiens sont d'accord avec lui. Il ignore que celà fait maintenant 50 ans que la pédagogie de la voile est passée de la logique de l'engin à la logique de l'individu, suite aux travaux des équipes de profs de l'ENV dans les années 70 (actualisant à la voile les recherches en EPS dans les autres sports à la même époque. Et l'on doit tout ça à De Gaulle, qui n'a pas fait qu'aider Tabarly. Ces travaux ont progressivement révolutionnés l'enseignement de la voile, très progressivement car ils se sont heurtés à la resistance de la FFV ou des Glénans, autre grande instance dans l'enseignement de la voile. Tous les professionnels de l'enseignement de la voile (les fameux BE) ont été formés à ces démarches (dans la droite ligne du projet gaullien) et l'on peut dire qu'aujourd'hui, cette véritable révolution épistémique est achevée. On en trouve la trace éclatante dans l'évolution, au fil des remaniements réguliers, de la fameuse "bible" des Glénans. La 1ère édition, rédigée par P.Harlé en 1962 est un véritable traité d'architecture navale. Les 2 suivantes, rédigées par le tandem Goldschmidt-Abraham, comporte 40 pages de théories physiques et de très nombreuses considérations sur les rapports entre la théorie et la pratique. La place de la physique ira en diminuant dans les éditions suivantes coordonnées qu'elles sont par des professionnels de l'enseignement de la voile. C'est à dire que même dans une institution aussi étanche aux influences extérieures que les Glénans, cette logique de l'individu a fini par s'imposer. Ce faisant, les pays latins (car l'espagne et l'italie ont suivi) ont rejoint les pays anglo-saxons (où la logique pragmatique existe depuis bien longtemps). Car cette "logique de l'individu" est très proche, même si elle n'est pas exactement la même, de la logique pragmatique anglo-saxonne.
L'apprentissage de la voile est une question d'individu, c'est à dire que le débutant doit résoudre des problèmes d'équilibre, de positionnement dans l'espace, doit adapter ses schèmes terrestres inadaptés au support instable qu'est un voilier. Il doit également se débarasser de ses "propositions tenues pour vrai" telles que "la ligne droite est le chemin le plus rapide d'un point à un autre" ou que "la vitesse est proportionnelle à la force",et ceci est valable jusqu'au plus haut niveau. Nous sommes aujourd'hui très loin de l'approche qu'Alex 72 voudrait approfondir.
J'ai cité, dans mon post précédent, le fameux dévers de la grand voile miraculeusement adapté à l'adonnante du vent apparent en altitude, car il me parait être un papier-collé du melon bien connu compartimenté pour être mangé en famille. Je retrouve cette tarte à la crème depuis 50 ans dans tous les manuels. Ainsi, dans un des derniers (l'art et la science des voiles, Zeraq, 2018), les auteurs, responsables de la voilerie North sont bien obligés de reconnaitre que cette adonnante est sans aucun rapport avec le dévers en question. Ils donnent (p 79) un vrillage de 10 degrés pour la GV et de 17 degrés pour le foc pour 8 noeuds de vent réel, et de 18 degrés pour la GV et de 20 degrés pour le foc dans 20 noeuds de vent réel, alors qu'un graphique adjacent donne une différence de 3 degrés de vent apparent entre le niveau de la mer et le sommet du mat du même voilier (TP 52)! Ils invoquent alors une autre cause à ce vrillage : la réduction de la trainée induite produit par le tourbillon marginal en tête de mat dans le petit temps et la réduction volontaire de la portance en tête de mat dans le vent plus fort. C'est un bel exemple (et il y en a beaucoup d'autres) de "physique fictive pour la voile", qui ne part pas du tout de principes physiques établis comme elle le prétend mais bel et bien de la pratique. Ici, puisque les voiles ont forcément un dévers (par contrainte mécanique), on va trouver une justification scientifique, pour respecter ce fameux schéma de pratique application de la théorie.
La logique de l'engin (la science physique) est non seulement d'aucun intérêt dans la pratique et l'apprentissage de la voile mais cette logique de l'engin produit un boulgi-boulga conceptuel lorsqu'elle est introduite dans les manuels d'initiation. Alex 72 a bien raison de protester contre les incohérences et les approximations de ces vulgarisations, mais il a tort de vouloir chercher mieux pour "comprendre le fond des choses avant de passer à la pratique¨.
Monsieur Jourdain faisait dans la prose sans le savoir, MAIS pour le constater il payait des professeurs car, grand commerçant, il avait d'abord appris à bien compter !!!
Apprendre ET comprendre sont à la base de la supériorité de l'espèce humaine sur le monde très hostile qu'il rencontre.
Galilée et tous les esprits curieux qui ont permis d'être ce que nous sommes menaient tous l'éternel combat: Chercher à comprendre dans un univers ou tout est relatif plutôt que se coucher devant le Dogmatisme d'esprit religieux. où il est interdit de chercher à comprendre pour ne pas remettre en cause le Dogme dont le but est d'asservir la pensée.
Certes, chez les militaires le troufion chaire à canon est la pour obéir, pas pour réfléchir, car condamné à très bientôt mourir pour rien, ce n'est pas bon pour son moral.
Tout enseignant digne de ce nom, y compris à bord d'un bateau à voile, a pour rôle de faire au final comprendre ce qu'il est important de comprendre et maitriser, basé très souvent, dans le monde physique sur des principes fondamentaux TRES SIMPLES de physique ou de mathématique appliquée.
La longue pratique des autres montre HELAS que les choses LES PLUS SIMPLES sont régulièrement les plus mal comprises. Le plus grand rôle d'un BON enseignant ou transmetteur de savoir est d'arriver justement à ce que l'enseigné arrive à maitriser (savoir et jongler) cette simplicité fondamentale.
Note musicale: Le génial Carlie Parker a dit "entrainez vous puis oublier cette M....."
(= on ne peut maitrisez la musique et l'instrument, sans les nombreuses années d'effort ).
a chacun de voir si la physique est utile ou pas pour naviguer
pour ma part je me suis donné le mal de calculer le centre de derive et le centre velique de Calypso et ainsi j'ai une idée de la quête que je dois mettre ou pas au greement ..si la mature est mal reglé dés le depart j'aurais bon regardé les penons ça ne m'avancera guere
Idem pour la stabilité que j'ai recalculé ça m'a permis d'enlever 150kg de lest ,c'est toujours ça de pris ..
Ensuite en changeant mes voiles j'ai calculé que je pouvais augmenter la surface j'ai donc commandé un genois plus grand ..
Flaneur, Alex parle aussi de pédagogie et je rejoins complètement le point de vue d'Holothurie.
si il fallait un cerveau pour bien barrer ça se saurait!! d'ailleurs c'est le premier truc que je conseille aux débutants, débrancher son cerveau et se connecter sur ses fesses, ses jambes et ses oreilles et ça marche très bien et très vite.
en école de sport voile ce sont des exercices qui se font
barrés les yeux bandés
puis on déconnecte les fesses ou les cuisses avec un coussin
puis on met des boules quies
essayer vous aller comprendre tout de suite!
si vous ne développer pas ça vous vous condamnez à barrer aux instruments, autant mettre le pilote il sera alors forcément plus efficace.
arrive un moment ou pour performer il est nécessaire de rentrer dans la théorie mais avant d'en être là il va se passer qqs milles.
Pour répondre au besoin initial, pour comprendre la stabilité d'un bateau, j'ai beaucoup apprécié et appris jouer avec delftship, qui permet de voir les changements de stabilité statique du bateau en fonction des différents volumes.
Maintenant, il faut reconnaître que les deux approches sont lacunaires, et complémentaires :
- non seulement le singe n'a pas besoin de comprendre la gravité pour aller cueillir une banane, et serait mort de faim s'il s'était mis une telle contrainte
- mais en plus le grand physicien lui-même ne peut que reconnaitre que lui non plus, il n'a pas tout compris à la gravité
Ca reste intéressant, et amusant, d'essayer de comprendre.
Mais pas que.
L'experience, vous l'intégrez dans cette "boite noire" qu'est votre cerveau : il ne peut pas tout retenir, mais il agglomère des modèles de comportements sortis de nul part, simplement parce qu'ils fonctionnent "pas trop mal". Ca reste un processus très lent, et fondamentalement lacunaire, parce que l'on ne peut s'être entraîné qu'à ce que l'on a déjà vécu.
A l'inverse, la théorie offre généralement un modèle simple (voir simpliste) d'une réalité bien plus complexe, mais elle a l'avantage d'être "courte" à retenir.
Par contre, sur le terrain, elle nécessite souvent trop de temps pour offrir une réponse dans un délais raisonnable. Aussi, elle est bien souvent pas adaptée aux conditions réelles.
Par exemple, la stabilité d'un navire :
généralement, elle est calculée sur une eau à la fois plate, et horizontale.
Vous ne trouverez pas de système qui vous propose de calculer la stabilité d'un navire sur de l'eau en pente.
Le problème, c'est qu'en mer, il y a ce que l'on appelle de la houle, et des vagues : l'eau n'est ni plate, ni horizontale. (et pourtant, on est encore dans un modèle statique)
Parfois, la théorie peut même aller jusqu'à préconiser l'exact inverse de la pratique.
Perso, mon plus grand étonnement aura été cette nav où pour barrer droit, il fallait que barre à tribord quand la vague poussait le bateau à tribord, et à bâbord quand la vague nous ramenait à bâbord, ce qui semblait en théorie complètement con.
La théorie sur les voiliers devient rapidement si compliquée que toute modélisation simple devient aussi approximative que le seul ressenti d'une experience partielle.
In fine, on apprends en lisant des bouquins, et on apprends en naviguant.
On s'amuse avec l'un autant qu'avec l'autre.
Et aucune n'a plus "raison" que l'autre, il faut savoir rester ouvert d'esprit, même quand on croit tout savoir.
Mais vu que l'objectif est quand même de savoir naviguer "en vrai", on peut dire que seule la pratique est absolument indispensable.
Apprendre et comprendre, c'est acquérir un ensemble de connaissances et en saisir la signification.
Tout être humain a la possibilité de le faire, mais a aussi la liberté d'en limiter son approche.
j'ai fait de la voile plus de 10 ans avant d'ouvrir des bouquins, j'ai tout compris à leur lecture, sans doute parce que les sensations physiques, les échecs ou réussites, les situations vécues, m'avaient amenés à cogiter un peu...
Pour le pratiquant averti, le pourquoi suit l'observation, et la théorie conforte la pratique
Il y a plein d'explications sur la physique des voiliers qui sont faussées et trop compliquées pour quelqu'un qui veut apprendre à naviguer.
Je vous conseille vivement d'y aller visiter le web de la NASA sur les ailes des avions où vous trouverez des explications des théories incorrectes eta une orientation sur la bonne voi pour comprendre tout ça. Simple, progressif, adaptée et correcte avec la physique moderne.
"There are many explanations for the generation of lift found in encyclopedias, in basic physics textbooks, and on Web sites. Unfortunately, many of the explanations are misleading and incorrect"
L'ouvrage de Pierre Gutelle sur l'architecture est plutôt bien fait et peut etre le seul dispo en langue francaise.
"Aérodynamique de la voile" de Manfred Curry doit pouvoir se trouver aussi.
Ce qu'il y a de bien avec la physique c'est qu'elle ne se démode pas,on peut avoir recours à de vieux ouvrages.
Bonjour, il y a ce livre de Dominique Presle et Dominique Paulet "Architecture navale, connaissance et pratique " Éditions de la Villette de 1998 et 2005. Bateaux voile et moteur. 487 pages🤔
Discussion fort intéressante
Je suis moi même enseignant de mathématiques et ne cesse de constater que vouloir plaquer immédiatement de la théorie sur de la pratique est contre productif tant sur le plan pédagogique que sur le plan scientifique.
Ce qui importe, c'est de comprendre les concepts, leurs enjeux et leur mise en oeuvre.
C'est en cela que Holothurie à raison. Non on ne résout pas d'équations différentielles pour régler sa voile. C'est inopérant et en plus cela a de fortes chances d'être faux, la modélisation étant en général très vite éloignée du réel. De même on ne compense pas le manque de repère proprioceptif par de la réflexion.
Cela ne veut pas dire pour autant que l'étude des modèles n'est pas utile. Elle permet de mieux comprendre les concepts en jeux et les difficultés qui se posent. De mieux appréhender les situations difficiles ou nouvelles.
C'est aussi cela qui permet de faire évoluer non pas la pratique, mais la conception même des navires et dans un mouvement dialectique des modèles associés.
Pour ce qui concerne le réglage des voiles et en particulier du vrillage, je n'ai jamais trouvé d'explication scientifiquement convaincante: diverses théories ont cours et je n'ai jamais lu pour finir autre chose que des arguments d'autorité. Je comprends donc tout à fait la quête de ressources scientifiques solides permettant de palier ce manque.
Dans la pratique, il me semble que la compréhension des forces en jeu, notamment trainée et portance est indispensable pour comprendre comment on règle une voile. Cela permet notamment de comprendre l'intérêt d'éviter la surpuissance et d'éviter de surborder
Cela posé, sur l'eau les principes de réglages doivent être associés à des repères de proprioception. C'est d'ailleurs tout le plaisir de l'activité sur l'eau.
La réflexion théorique est elle un autre aspect plaisant. Comprendre comment fonctionne un voilier c'est intéressant.
Pour ce qui concerne l'enseignement de la voile que j'ai vécu, il est comme l'enseignement en général d'ailleurs trop basé sur des recettes qui pour immédiatement efficaces qu'elles sont, frustrent l'élèves et le conduisent parfois à des représentations fausses qui le mettent en échec par la suite.
Exemple: au travers on met le chariot ici! Est-ce vrai si l'on change de bateau, de voile etc non...
La théorie est ce qui permet de s'adapter.
bonjour à tous, le sujet revient et je pense à Holothurie. je m'intéresse aux pilotes automatiques en compétition (exemple Vendée Globe) et je constate que pour améliorer les appareils on demande aux régatiers de décrire leurs réactions dans une situation donnée puis on essaye de faire répliquer les manoeuvres par l'appareil. pour y parvenir on analyse les données utilisées par le barreur et on essaye de récupérer des informations provenant de capteurs pour, par l'intermédiaire d'un algorithme, reproduire le geste du barreur (enclenchement, vitesse, intensité, sens). dans les régates la théorie n'est utilisée que comme moyen d'alimenter la réflexion ce qui place l'usage de la théorie dans la logique d'aide à la navigation mais en aucun cas comme le moyen unique de décision d'action. apprendre permet de comprendre, l'action est d'une autre nature et comporte une dimension subjective et concrète. on essaye toujours de s'améliorer, la persévérance dans la pratique ou dans la connaissance technique est indispensable.
Connaitre la théorie n'est pas véritablement indispensable pour la pratique de la voile, il n'en demeure pas moins qu'un minimum de compréhension sur le pourquoi du comment est quand même bien utile, et il est toujours intéressant de savoir "comment ça marche".
Et ce qui est valable pour la voile l'est tout autant pour pleins d'autres domaines, la musique par exemple. On sait en effet qu'il y a de nombreux musiciens extrêmement talentueux qui n'ont aucune connaissance en solfège, il n'empêche, qu'à talent égal, ils trouveront plus vite leurs limites qu'un autre ayant une bonne maîtrise de la théorie musicale. Même chose pour les langues, on peut parfaitement parler une langue sans savoir la lire, mais est-ce satisfaisant?
Sujet de physique (un des), concours Mines Ponts de la semaine dernière
Le résultat est que je vois des profils de stagiaire qui font vraiment peur pour prendre la relève dans les usines. Pour l'instant les filières ingénieurs et masters heureusement donnent toujours des bons candidats, mais est-ce que nous pourrons maintenir le niveau, surtout en concurrence avec des pays qui savent mettre les moyens pour capter ce que la France a produit comme bons ingénieurs, ou bien vont mettre le paquet sur les enseignants et former eux-mêmes des ingénieurs encore plus efficaces.L'actualité tragique de l'Ukraine met en pleine lumière ce qu'un pays à moyens limités peut réaliser quand l'enjeu devient vital. ·le 13 mai 2023 15:35
et comment réagir à une situation nouvelle et subite si on ne comprend rien à ce qui se passe ?
Le voilier est un objet très technique. Le comprendre et étudier les différentes situations que ce soit en pratique ou en théorie c'est avant tout anticiper la sécurité.
le // peut être facilement fait avec l'automobile : combien de gens en conduisent sans connaitre la moindre technologie qu'il embarque ? Des accidents évitables se produisent parce que les gens n'on aucune conscience des phénomènes qu'ils croient maitriser. Faire des acrobaties en tial (expérimenter la théorie des équilibres :-) ) ou sur route neigeuse permet par exemple de tout de suite comprendre qu'un pneu quand il perd l'adhérence c'est brutal! cela s'anticipe. Quand on connait un minimum de mécanique, on s'inquiète quand le véhicule vibre anormalement ... Y en a, non, jusqu'à la panne ou accident et se disent : ha c'est la fatalité ... et bien non. Mais tout le monde doit conduire alors feux !
Limites du barreur, limites du bateau , sont deux choses différentes placées plus ou moins bien selon l'égo du barreur.
PS : "architecture du voilier" de Pierre Gutelle déja cité = topissime.
celà fait tres longtemps mais c'est resté dans ma tête ..
j'ai eu un prof qui faisait l'inverse de ce qui est courant dans l'enseignement (enfin pas toujours) c'est a dire therorie puis pratique ..lui il nous mettait face à la pratique et apres constat on devait en tirer une therorie ..et là la theorie tu comprends tout et elle reste dans la tête definitivement ...ce qui revient à faire des essais et on en tire un enseignement qui lui est theorique ...
Et ce prof a semé une graine en moi car je pratique ainsi pour beaucoup de chose ..
Dans les références de livres, je glisse quelques "oldies but goodies" que l'on trouve facilement d'occasion pour pas cher. Il y a eu Alain Gliksman qui a écrit un ouvrage avec une bonne présentation des forces en jeu, et aussi jean Merrien qui a bien synthétisé les notions physiques.
Bien sur tout ça date de 50 ans, mais si dans une brocante on tombe dessus , je pense que ca vaut le coup de les avoir en complément des ouvrages précités.
C'est grâce à mon prof de techno que j'ai pu réaliser mon premier bateau à réaction, propulsé par des tubes de bambou remplis d'un mélange de chlorate de soude et de sucre, hermétique au maths et à la chimie j'ai compris l'intérêt du dosage carburant/comburant, avec les atomes qui vont bien, de la théorie à la pratique, et pour la voile j'ai fait l'inverse je savais barrer et border ou border mais sans comprendre pourquoi, mon père m'a envoyé en école de voile après lui avoir emprunté le voilier et ne pas savoir revenir au point de départ, j'avais 11 ans et j'ai appris tous les vices durant mon stage à Audierne,
Dans les livres de référence, il y a aussi Aero-hydrodynamics of sailing de C A Marchaj. La lecture en est quand-même un peu aride et il doit être difficile à trouver, mais il existe apparemment des versions pdf.
En terme de bouquin, je conseillerais celui-ci :
Les voiles - comprendre, régler, optimiser
Bertrand Chéret (Auteur)
Ajustage et reglage des voiles de Marcel Olivier est tres bien fait
Selon lui l’adonnant en tête de voile est dû à un vortex de Prandtl
fr.m.wikipedia.org[...]rtantes
tdm2023 une thèse déjà ancienne 5 ans mais qui ouvre des perspectives. bonne lecture